« C'est toi ou moi, l'un de nous est de trop! »

''Dégage'', de Bryan Adams.
 
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 Lost in translation I (OS)

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Alexander Nagel
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Alexander Nagel
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MessageSujet: Lost in translation I (OS)   Lost in translation I (OS) EmptyDim 8 Jan 2017 - 17:16

Lost in translation.
Blablabla:
Personne ne sera surpris d’apprendre que c’est la première fois de ma vie que je reçois un faire-part de décès, avec une invitation à un enterrement en bonus. Sans suspens, je n’ai pas été invité à l’enterrement de ma propre jumelle, étant donné qu’à ce moment-là, on ne savait pas où j’étais passé (et surtout je n’aurais pas cru à la nouvelle de son décès, même si je l’ai vu en quelque sorte mourir sous mes yeux.. ah, le déni, parfois tu me manques). Et à part ça… Je ne suis pas assez proche de ma famille pour qu’on m’invite à honorer « nos » morts, et mon entourage que je juge « proche » est encore vivant (pour le moment). Enfin, pour la famille, c’est ce que je croyais. J’ai tout d’abord cru à une erreur ou à un canular, étant donné que le nom calligraphié sur le faire-part ne me disait rien en premier lieu. Puis je me suis rappelle que grand-mère Alma (que je n’ai pas connue, car elle était en prison, jusqu’aux dernière nouvelles), avait repris son nom de jeune fille après la mort de son mari, Siegfried Nagel. Dans tous les cas, le sujet de ma grand-mère était un tabou total pour mes oncles et mon père, et par extension, pour ma mère qui ne semblait pas la blairer, et les cousins qui n’en savaient pas plus que moi.

Alma Weiss, donc. J’ai bien du mal à comprendre pourquoi, moi, on m’a invité à honorer quelqu’un dont je n’ai entendu que très peu parler, et en des propos jamais flatteurs. En un sens, si elle a été jetée en prison en étant coupable de ses actes, c’est qu’elle n’a pas eu une vie toute propre. La preuve qu’on ne se refait pas, et, justement : ma trop grosse curiosité, et ma quête permanence de nouvelles expériences, je n’ai juste pas pu refuser l’invitation, car, en plus, les billets étaient fournis (mais qui veut me voir à ce point). N’ont-ils rien d’autre à faire que d’envoyer ainsi des sous par la fenêtre… ? Ah, oui, merde, c’est vrai, je fais aussi ça souvent, hm. Mais à cet égard, je ne fus pas si estomaqué, car j’ai souvent entendu Helmut et Hanz dire que les Weiss étaient de vieux rentiers roulant littéralement sur l’or. Le genre qui peut se permettre de se torcher avec des billets de 500 Opals, m’voyez ? Oui, d’accord, venant de moi qui suis endetté depuis que j’ai plus ou moins dilapidé ce que j’ai gagné à la dernière compétition, c’est de mauvaise foi que de regarder de haut les riches (pour mon excuse, c’est passé en grande partie dans le remboursement de mon prêt pour le château, et ses réparations, des sorties pour faire plaisir à Ludwig et Riku, donc, ne fustigez point mes costumes chers,  mes 25 Pokémon à nourrir, et ma voiture, méchants!). Enfin. J’étais ravi de pouvoir passer un costume noir pour l’occasion. J’ai vraiment la classe, avec, sans vouloir me vanter. Et en plus, c’est une très belle occasion de mettre ma cravate Bruiverne au Clair de Lune, qui s’accorde à merveille avec le reste. Bref, après de longues explications confuses à un Ludwig pas du tout content, mais qui fut rassuré quand je le confiais à Soltan, et dans les bras de son affectueuse amie Marilyn, j’ai pu amorcer mon départ vers mon pays et ma ville natale. Le tout ne devrait pas me prendre plus de 4 jours, et j’avais pu m’arranger pour raisons familiales avec mes employeurs... Qui avaient demandé un certain nombre de garanties, si je leur fait faux bond, je crois qu’il ne faudra pas m’attendre à retrouver mon château debout, même si je me tiens très bien depuis plusieurs mois. Meh, cette tendance à toujours plus aggraver son cas, quand même. Sans commentaires.

En arrivant, je re-découvre plusieurs choses : tout d’abbord, le froid de l’Europe, chose que je n’ai pas ressenti depuis presque 8 ans. J’ai bien fait de prévoir une veste supplémentaire (je ne pensais pas que je m’en servirais un jour, en l’achetant). Et d’autre part, je vois que rien n’a trop changé dans cette métropole à la pointe de la technologie. Enfin, si, les buildings continuent de pousser rapidement, dans les quartiers plus neufs et « buisness », et je n’en connais pas certains. C’est chouette, mais toujours aussi ennuyeux et pas assez sauvage à mon goût. Je n’ai pas grand-chose à dire, c’est une grande ville, le trafic est pénible même en taxi, point final. Faut pas oublier que la durée du vol m’a quelque peu irrité par manque de sommeil. Et plus je manque de sommeil, plus je suis agité. De plus, le chauffeur a regardé ma cravate de travers, en plus, mais quel culot! Ma cravate est très bien!! Enfin. En arrivant au cimetière, je ne vois qu’un petit comité, et me rapproche avec un sourire mesquin de la seule silhouette que je connais, et qui me voit arriver avec l’air d’apercevoir un fantôme, qui se change au bout d’une seconde en un regard blasé au possible.

« Qu’est-ce que tu fais là? »

***


« Salut, Papa. »

Klaus est finalement arrivé à la Gare Routière de Zazambes, et je lui saute au cou avec un naturel qui me surprend moi-même, malgré les discussions tendues qui risquent de nous attendre. Rah, je dois pas commencer à déjà penser à ça! Comme il n’est pas trop chargé, je peux l’emmener voir un peu ma ville : le Grand Boulevard, au bout duquel nous apercevons les grandes plages du sud de l’île, avec leur eau turquoise et leur sable fin. Nos échanges se font spontanèment, et je réalise que malgré le froid que j’ai en parti mis entre nous, à la suite de ma séparation avec Alex, et la rencontre avec Shizune et ma « véritable famille » défunte, que Klaus m’a manqué. Lui n’a pas l’air aussi à l’aise, même s’il est enthousiaste, je décèle quelques sourires nerveux qui passent sur son visage, un peu forcés. Je ne vois pas l’intérêt de presser les choses pour aborder les sujets qui fâchent, cependant, il est aussi là pour que nous profitions du moment présent, non ? Après quelques heures passées à nous balader et à parler de nos vies respectives, de Liza, et de tout ce qui a pu se passer depuis le temps, nous finissons sur la terrasse d’un bar non loin de la plage, plutôt tranquille. Vêtu de sa glorieuse chemise à fleur, Klaus s’étire et admire le paysage, (lui et ses frangins ont toujours eu un truc, avec les chemises à fleurs, Alex, aussi, en avait pleins), et je me moque un peu de son attitude de touriste de base, avant de commencer à commander.

« Je me demande pourquoi je ne suis pas venu plus tôt, tu sais! »

Je force un sourire. J’ai bien entendu l’appréhension présente dans son ton. Même s’il veut bien faire. Il regrette, il se sent coupable pour nos mésententes des derniers mois, cela saute aux yeux. Mon papa adoptif n’a jamais su cacher sa culpabilité, après tout, et c’est quelqu’un de très facilement angoissé. Plutôt, c’est que les airs de chien battu, ça lui connaît, et malgré moi, cette attitude de baisser la tête comme pour se faire frapper, ne m’est pas supportable et me hérisse immédiatement. Mais je garde mon calme, sachant que je n’ai pas à lui reprocher d’être ce qu’il est, avec un passé pas forcément facile.

« Bah, l’essentiel, c’est que tu sois là, maintenant. Tu veux boire quoi? J’t’invites! »

Il m’envoie un sourire calme, un peu piteux. Décidément, j’ai du mal avec cette tronche.

« Fais pas cette gueule, ça m’fait plaisir! »
« Tu as vraiment changé, Ri-chan. Je n’ai pas été là pour le voir, ça me rend heureux mais aussi un peu triste. »


Hmph. Encore ce sourire. Je ne sais pas si ça me fait plaisir ou non. Mais ça me touche beaucoup, de l’entendre dire ça. Peu de gens me l’ont dit, récemment. Et quelque part, je crois que ça me rassure de finalement l’entendre.

« Roh, c’est bon, commence pas à t’excuser! »
« C’est que je n’ai pas été là pour toi, ces derniers temps et… »
« Sans blagues! Mais t’en fais pas! J’suis grande, maintenant! Regarde, je suis encore vivante! »


J’ai répondu plutôt vivement. Je ne pensais pas que ça escaladerait si vite, cette conversation. Je sais pas pourquoi j’ai commencé à élever le ton. Je voulais que cet échange se fasse au calme. Mais visiblement, j’ai piqué Klaus un peu à vif. Il fronce les sourcils, et s’est interrompu. Il m’observe quelque instant avant de répondre, en suspens, puis retrousse les lèvres.

« Je te sens rancunière. »
« Hmph… Tu crois? »
« Écoutes… Je t’ai caché trop de choses, c’est vrai. »
« Tu m’as prise pour une gamine, comme d’habitude. »
J’inspire profondément, pour me calmer et éviter de partir en vrille. « J’sais pas… L’est ptet temps de jouer carte sur table, non? »

***


« Bon, alors, c’est qui, nos hôtes? Et tu pourras peut-être me parler de ta mère, pendant qu’on y est, histoire de rattraper le temps perdu? Parce que je sais pas plus que toi ce que je fiche ici. »


J’entends mon paternel grogner dans sa barbe absente. Je sens qu’il n’avait déjà pas envie d’être là, et il n’a jamais bien supporté quand mon moulin à paroles se mettait en marche. En tout cas, lesdits « hôtes » sont pour leur part en plein recueillement (alors que j’ai déjà la bougeotte, et qu’Helmut semble en train de compter les brins d’herbes gelés en s’emmerdant un maximum)… Quelle idée de faire ça dehors. Alors que je cause, l’un des membres de la famille Weiss, un grand gars a l’air un peu plus âgé que moi, nous envoie un « chut » désagréable. Hmph. Il veut qu’on s’tape, le gros bras? Meh, pas tout de suite, j’ai trop de questions à poser pour oublier ma fatigue et me distraire de ma nervosité. Eh oui. A mon grand dam, je me sens toujours aussi nerveux quand je dois adresser la parole à mon papounet, et je crois qu’il est dans la même situation. Il faut que je parle pour cacher mon malaise, comme pour me prouver que je suis moins bête que lui. Les raisons à l’ambiance malaisante qui a toujours été entre nous sont un peu trop nombreuses et complexes pour que je sache mettre des mots dessus, dans mon état actuel. Ce qui me tue, en revanche, c’est de n’être ni en colère, ni joyeux de le voir. J’aimerais le haïr ou l’adorer, être fixé sur un de ces extrême, mais pas un truc bizarre qui oscille entre les deux, ça, ça m’insupporte et me perd à chaque fois un peu plus.

« L’est morte comment? Pourquoi tes frangins et ta nana sont pas là, au fait? Et qu’est-ce que je fous là? »
« T’en as encore beaucoup, des questions? »
« Quoi, je me fais chier, toi aussi,  alors, je meuble, ne leur déplaise. »
« Je préférerais écouter quelqu’un scier du polystyrène qu’entendre s’ouvrir ta benne à ordures, Alexander. »
« Oh, joli. J’peux même pas avoir un petit présentoir, façon Tarantino? »
« Tu m’fais chier avec ton Tarantino. Grandis un peu. »
« Roh, fais pas ton vieux con! Allez, ça sera thérapeutique! »


Il rejette un coup d’œil à l’attroupement de Weiss à quelques mètres de nous avant de reprendre d’un ton morne, et de me faire les présentations. Dans l’ordre : Tonton Ernzt, qui a l’air trop affecté pour être vraiment triste, et son absence apparente d’âme est justifié par le fait qu’il soit un huissier à la retraite. Ensuite, ses gosses : Rafael, qui travaille visiblement comme videur de discothèque ou quelque connerie du genre, et Ludmilla, une sportive de haut niveau à l’air provocateur… Attends.. Une naine pareille?! Ouais, bon, je sais, avec mon physique de maigrichon qui fait des cabrioles pour tuer des gens, je peux toujours causer. Sur ce coup, le paternel m’a mouché. Il me présente par la suite ses deux autres oncles : Tarek, un rentier en fin de cinquantaine, et Zaroff, qui est apparemment le seul type bien de cette fratrie, et un ancien gardien de zoo. Tout ce que je peux ajouter à cela, c’est que je déteste les rentiers! Et je le proclame haut et fort avec un air dégouté. Le regard de poisson mort que m’offrit mon père en dit bien assez long sur son « JPP de toi va te faire fouetter par un Mega-Florizarre » complet.

« C’est quoi ce regard de poisson-ours crevé? »
« Le jugement, sale hypocrite. Tu te regardes dans la glace, des fois? »


Encore mouché. L’espace d’un instant, j’ai vu rouge, et je crois que c’est la teinte qu’a aussi pris mon visage. Après avoir émis un son indescriptible, je me mis à crier carrément, de manière probablement pas très mature avec une sorte de truc assez confus qui devait ressembler à :

« Oui d’abord j’me regarde souvent dans la glace je suis très beau va te faire foutre avec tes cravates moches, grizzli de merde de caca pourri ! Vas te mettre des Bamboiselles dans l’cul ! »

Pourquoi j’ai pas tué ce gros con, déjà?! Bien sur, on me « chut » de nouveau, et toute cette situation me courre sérieusement sur le haricot. Je déteste être crevé et irritable comme ça.

« B-Bref! Me traites jamais d’hypocrite, sale con! »

Pour toute réponse, il roule des yeux, l’air presque amusé. Connard. Le pire, c’est que si j’étais honnête, j’admettrais qu’il n’a pas tord. M’énerve.

« Très convaincant, ton argumentaire. Et venant du gars qui porte une cravate achetée dans un magasin pour 6 ans et plus… »
« Ta gueule! J’sais même plus pourquoi j’t’ai demandé de me parler! »
« … Mais t’as quel âge, princesse ?! »
« M’en fous. 2 ans, ça te va ?! »
« Au moins c’est réaliste. »


Je croise les bras et grommelle. J’suis fatigué, j’veux dormir et je n’aurais pas du venir. Bordel, mais quel couillon ! Encore une bonne excuse pour juste m’esquiver de mes responsabilités, et je crois que les remords commencent à me ronger, mine de rien. Lâcher Ludwig pour cette mascarade… S’il savait les faits, je crois que le gamin me ferait à juste titre la tronche, puis enchainerait avec une nouvelle fugue. Comment j’ai pu espérer que je pourrais penser à autre chose avec mon abruti de paternel dans le coin ?! Ou alors c’est que j’ai besoin qu’il me mette des coups de pied au cul pour que je me figure mes propres erreurs. Ce ne serait pas la première fois que le croiser me rend « service » de cette manière. Quel con. Mais quel con. Voyant ma confusion, Helmut se passe de rouler des yeux et de faire plus de commentaires. Probablement car il est aussi maladroit et paumé que moi en ce moment même. Mais ça me tue qu’il le cache mieux que moi. Ou alors c’est qu’il commence à être trop vieux pour ces conneries. Ce qu’il s’apprête à dire aurait pu terminer de m’achever, car une fois de plus, je vais juste de surprises en surprises. Je dois faire un sale rêve vicieux. Je veux me réveiller, ou retourner à une réalité alternative ou je les zigouille tous un par un.

« … Au fait, tu crèches où, ce soir? Car tu pourrais.. »
« Vous voila, les Nagel. Décidément, vous ne pouvez jamais vous arrêter de parler là où il faudrait vous taire. »
« Bonjour à toi aussi, Oncle Ernzt. »


Une voix au ton venimeux coupe la parole à mon père, et me fait relever la tête, et mon humeur remonte presque immédiatement. Pourquoi? Car je sens que je vais détester ce type, Ernzt, avec ses airs de renard passif-agressif. Et que je vais me faire un plaisir de bouffer mon pop-corn en voyant tout ce beau monde se mettre sur la tronche. Peut-être que cet enterrement se présente mieux que prévu.. Après tout, c’est pour ce genre de mini-guerre que je suis là.  

***


Un silence froid et malaisant est tombé entre nous. En voyant le visage plein de remords de mon père adoptif, je regrette déjà d’avoir vidé mon sac si brusquement. J’ai la sensation d’avoir gâché le plaisir de cette journée, et mon ventre se noue. L’air me semble soudainement froid. Néanmoins, rester ainsi n’arrangera pas les choses. J’ai bien appris que rester sans rien dire ne pouvait que nuire sur le long terme, et je n’ai pas envie que cela me blesse une nouvelle fois. Puisque Klaus garde le silence, je décide de l’aider un peu à retrouver ses mots.

« C’est… J’comprend pas pourquoi t’est jamais venu me dire tout ce que.. Enfin, tout ce qu’il y avait à savoir sur moi, sur mes vrais parents, sur Shizune… »
« Je suis désolé. »


Il semble sincère. Ça a juste été un peu usant, sur la longueur, toutes ces histoires. Maintenant ça va mieux, mais j’aurais aimé qu’il soit là 6 mois plus tôt, et qu’il ne se retranche pas derrière son orgueil de papa blessé. Mais la fierté mal placé, entre lui, Liza, et moi, on l’a tous, cette tare. J’hausse les épaules pour lui indiquer que je ne suis pas en colère, ni vraiment blessée. Enfin, disons plutôt que la blessure a commencé à se panser d’elle-même, sans lui.

« Je t’en veux pas vraiment. Je pige juste pas. Je sais que tu voulais me protéger, et tout, mais...  Ne pas « oublier » ces « petits détails » aurait certainement mieux marché que mentir pendant 18 ans. »
« Je sais. Et je vois ce que tu ressens, ça doit être pour ça que… »
« Quoi? »
« Je suis vraiment désolé de vous avoir infligé le même traitement infantilisant, avec lequel on m’a traité pendant 25 ans. C’est.. Je crois que c’est plus fort que nous… On a toujours fait ça, dans la famille.. Notre mère nous a traité comme des merdes, et on a reproduit ce qu’elle nous a fait subir sur nos propres enfants. »


Hmph… Que veut-il que je réponde à ça ? Je ne lui ait pas demandé de me raconter sa vie..  L’apitoiement, c’est un de ses talents de prédilection pour se faire pardonner. Mais cela fait un bail que je ne marche plus là-dedans. Et je pense qu’il l’a compris, et que s’il réagit comme ça, c’est plus par habitude qu’autre chose.  Je croises les bras sur ma poitrine, sur la défensive, pour lui faire comprendre que son blabla ne m’affecte pas. Mon regard se durcit, et dévie vers la plage. Et Klaus se rend compte lui-même qu’il ne gagnera rien de cette manière, ni ne s’échappera, d’ailleurs.

« Enfin, euh, je dis pas ça pour… Enfin, ça justifie pas que je t’aie laissée dans l’ignorance, comme ça. »
« J’avais compris, m’enfin… Votre mère, elle était si terrible que ça? »
« Hmph… C’était pas vraiment le but que de raconter mes.. enfin, nous soucis à moi et tes oncles. »
« Si ça te dérange, c’est pas grave. »
« C’est pour toi, je sais pas si ça t’intéresse vraiment. »
« J’sais pas. J’ai envie de comprendre, en fait. J’ai l’impression que tu nous as caché la vérité à propos de trop de trucs, et j’me sentirais mieux de me dire que mon père est pas totalement un menteur… »
« Un menteur, c’est ce que tu penses? »
« Bah, disons, que…  Je sais pas, j’en ai marre des cachoteries et des mensonges, j’ai l’impression de n’avoir eu droit qu’à ça, depuis des années. J’en ai marre, je veux la vérité. »
« Hm… Le fait est que je risque de pas être vraiment objectif… Enfin, j’ai toujours été d’assez mauvaise foi et.. Bah, c’est pas joli-joli, toute cette histoire. »
« J’suis pas là pour te juger, tu sais. J’sais que t’as peur que je te regarde différemment après ça… Et c’est possible, mais ce sera pas négatif, au contraire. »


A ces dernières paroles, il affiche une mine plus confiante, visiblement rassuré. Je ne vois pas pourquoi je changerais de comportement à son égard, ou le regarderais d’une autre façon. Klaus a beau n’être qu’un « père adoptif », ce sera toujours mon seul et unique Papa, irremplaçable.

« Bon… Pour  faire court, Alma, enfin, notre mère était du genre à ne s’intéresser qu’aux « gens qui en valent la peine », comme elle-même, enfin, c’est ainsi qu’elle le présentait. »

Lui-même semble concevoir qu’une telle façon de présenter quelqu’un semble tout droit sortie de la pire description d’un cliché de méchant de série Z. M’enfin. La vie de famille Nagel est déjà un scénario de série Z. Avec les persos bien abrutis qui vont avec (moi comprise). Sans commentaires, je le laisse continuer, mais si tout ça est vrai, alors, mamie Alma était une sacrée conasse, d’entrée de jeu.

« D’office, j’en valais pas la peine, j’étais le dernier, le gamin. Disons que quand il y avait quelque chose à reprocher à quelqu’un, c’est moi qui prenait, même si Helmut prenait souvent ma défense. Disons qu’en voulant bien faire, il a jamais arrangé les choses. Pas comme si il avait pas continué d’essayer, même après mon départ… »


Là, il m’a perdue. Il n’a jamais cessé de dire des saloperies sur ses frangins, depuis qu’il nous a adoptées, Liza et moi. J’avoue que je ne comprends pas. Ses frères n’ont-ils pas essayé de l’aider, dans cette histoire? Et donc, de nous aider, nous aussi? Pourquoi nous avoir fait croire qu’ils nous détestaient tous? Peut-être justement car il ne voulait pas continuer de passer pour un enfant, et qu’il voulait avoir l’air « digne » d’être un père, d’être un « adulte ». Et là, honnêtement, je ne peux que le comprendre. N’empêche que je ne peux m’empêcher de voir rouge.

« …Tu nous a juste fait croire que c’était des connards finis, tes frangins. Qu’ils nous méprisaient. Ça aussi, c’était un mensonge? Comment tu peux mentir comme ça sur ta propre famille qui voulait t’aider…  et-»
« Écoutes. J’ai été très égoïste, en effet. Je me sentais oppressé. Ils me surprotégeaient comme si j’avais toujours 12 ans, et j’en avais marre de ne pas pouvoir prouver que je n’avais plus besoin d’eux pour ça. Cette famille est dysfonctionnelle et se faisait du mal sans arrêts en voulant réparer ce qui ne pouvait pas l’être. Même si on a fait de notre mieux tous les trois pour rester proches, j’avais la sensation que nos séquelles, les secrets, ça nous détruisait. Quoiqu’on fasse pour s’en remettre. »
« Ouais, j’ai saisi l’idée. Mais pourquoi tu nous as pas juste dit tout ça ? »
« Parce que… J’avais peur que vous deveniez comme nous. Et aussi, peur de pas être  à la hauteur, que vous me preniez pour.. Bah, pour « quelqu’un qui n’en vaut pas la peine ». »


Il baisse les yeux, et passe une main sur sa nuque, à la fois soulagé et peiné d’avoir vidé son sac, redoutant ma réaction. J’allais ouvrir la bouche pour reprendre, mais il me devance, confirmant mes pensées de tantôt.

« Je voulais juste.. Me prouver que j’étais pas juste le gamin ignorant de service, je voulais être « génial » à vos yeux. Je voulais être « mieux qu’eux », quoi., pour me prouver des choses. Me suis toujours senti si.. mauvais, à leurs côtés. C’est pas votre faute, à toi et Liza, c’est… J’ai foiré, c’est tout. Et j’en suis vraiment navré. »

Je soupire. Même si tant de mensonges passés me blessent, je suis touchée par ce que me raconte Klaus, car je peux comprendre, en partie, exactement ce qu’il ressent. Et ça demande du courage, de sortir tout ça, enfin, avec tant de sincérité. La colère qui avait commencé à monter en moi s’atténue immédiatement, pour laisser place à une infinie compassion. Comme je l’entends, sa réaction a probablement été égocentrique, impulsive… Mais foutrement humaine.

« Non je… j’comprends, Papa. Et franchement.. J’peux pas t’en vouloir, j’dis ça sincèrement. Donc, c’est niais, mais j’ te pardonne. » Le sourire revient sur mes lèvres, un peu tremblottant. « Merci. »

Klaus me répond par un sourire semblable. C’est un peu mièvre, tout ça, mais au moins, on se passe de paroles inutiles pour rendre la situation ridicule ou gênante. De toute manière, une sonnerie de portable résonne, et Klaus va chercher son telephone dans sa poche. En voyant l’écran, il gromelle quelque chose comme « c’quoi ce numéro… merde c’est ptet pour le boulot, bon, s’cuse moi deux secondes.. ». Il décroche, et son expression se teint alors d’une surprise non dissimulée. Et d’une certaine gêne, aussi. Je devine que ce n’est pas le boulot, car le voila qui se met à parler en allemand. Et je ne connais pas beaucoup de gens avec qui il parle tout en allemand.

« … Que… Attends, comment tu as trouvé mon numéro ? Je pensais… » Il s’arrête de parler, et passe sa main sur sa nuque. « Non, non, c’est bon. Je t’en veux pas. Fallait bien que ça arrive un jour. » Il pince les lèvres, l’air résigné, redevient plus froid. « …Pourquoi tu m’appelais, en fait ? » Son ton est devenu plus tranchant, il  a visiblement envie d’écourter. Son interlocuteur s’interrompt, et reprend, visiblement résigné. Klaus écarquille alors les yeux, et porte une main à sa bouche. « …Quoi ? » Puis, il s’énerve. « Mais pourquoi je l’ai pas… ! Pourquoi tu m’as pas appellé plus tôt pour ça ?! » Maintenant, il a l’air coupable. « … Ouais, certes, je sais, j’étais… bref. Fucking shit. » Il se masse l’arrête du nez, puis finit par saluer son interlocuteur avant de raccrocher. « Ouais. Me rapelles pas. Salut. »

Il pose son portable sur la table, et reste le regard fixe sans rien dire plusieurs secondes, sans savoir à quel émotion se conjuguer. Soucieuse, je l’interpelle, et il semble revenir à la réalité d’un coup.

« Euh… Papa ? Ça va ? C’était qui ? »
« Helmut. C’est… »
« Quoi ?! Qu’est-ce qu’il y a ? »
« …Alma est morte. Il y a deux semaines. Il était à son enterrement, là. »


..Eh bah. Fucking shit, alors.

***


Je vois mon paternel raccrocher le combiné, à la sortie d’une discussion plutôt visiblement animée avec Klaus, comme il l’a nommé. Il soupire, prend quelques secondes de recueillement silencieux et blasé, et se met à reluquer le caviar sur le buffet d’un air haineux.

« Est-ce que tu viens de cracher et de verser ta bière dans le caviar, là? »
« ..Nooon. C’est pas moi. »


L’assemblée s’est agrandie, avec probablement des collaborateurs des Weiss divers et variés, qui sont venus cirer les bottes du nouveau chef de famille en prétendant rendre hommage à l’ancienne « patronne ». J’avais la dalle et la flemme de refuser quand Ernzt nous a priés à la suite d’un interminable discours moralisateur et venimeux, de venir au banquet funéraire. J’ai rarement vu Helmut se faire assaisonner si fort de reproches, et même s’il a toujours été extrêmement mou, je suis surpris qu’il ait gardé son self-control. Surtout avec les accusations à peine camouflées de son oncle, sur la mort non-naturelle de sa grande sœur Alma. Si j’ai bien compris, et j’aurais certainement pas mal de questions à poser pour tout savoir, la vielle peau se serait suicidée dans sa cellule, comme beaucoup avant elle. Après la visite que mon papounet lui avait faite. Pour Ernzt, le rapport avait certainement été facile à faire. Probablement que ça l’aide à faire son deuil de trouver un coupable. Tout salaud que soit mon père, je le vois mal être assez manipulateur pour pousser quelqu’un à se tuer, même sa propre mère qu’il détestait probablement. Il est bien trop dépressif pour ça. Quoique, justement. Mais bon, il semble avoir regagné une certaine lucidité, depuis la fin de nos prises de têtes, y’a bientôt 2 ans. Je balaye les environs des yeux, en buvant au goulot d’une bouteille machinalement, avachi sur une table. Je ne suis plus motivé à quoique ce soit, depuis la discussion de tout à l’heure et mes réflexions poussées vers là ou j’aurais pas voulu.

« Mais qu’est-ce que je fous-là... »


Marmonnais-je, alors que mon paternel qui continuait de renverser discrètement tout ce qu’il pouvait dans le caviar comme pour le punir. Il est toujours aussi peu sortable.

« Mettre du caviar à un buffet d’enterrement, c’est d’un gout extrêmement douteux. Déjà que c’est dégueulasse en soi. »
« …Dit le mec qui nous a toujours défendu de gâcher la nourriture. »
« Le caviar c’est pas de la nourriture, c’est une création de.. De Giratina, tiens. Et ça coûte bien trop cher pour ce que c’est. »


En finissant son laius il se tourne vers moi, et arque un sourcil, en apercevant la bouteille en train de se vider entre mes mains. Oh, il va me faire chier.

« Eh. Loin de moi l’idée de te materner, mais tu devrais te calmer, sur le vin. »
« Ta gueule, j’fais c’que je veux. »


Argument plutôt indémontable, en l’occurrence. Je suis majeur et on ne peut plus vacciné, et cela fait presque 8 ans que le gros ne m’a plus à sa charge. Enfin, disons carrément que je me suis barré car sa charge, j’en avais ras-le-bol. Crise d’ado de merde. Je commence vraiment à m’interroger si c’était vraiment la bonne décision… Qu’importe, le mal est fait. J’aurais préféré rester dans le silence, cependant, et pas entendre une jeune femme arriver en trottinant, et commencer à me brailler dans les oreilles.

« Hé, Alexander Nagel! Tu m’signes mon brassard, s’teuplé? »


Gné? Je me redresse mollement, en voyant arriver la naine du cimetière. De plus près, je détaille rapidement la petite jeune femme pourtant plus âgée que moi, coiffée d’un carré noir de geais, et vêtue d’une robe noire et d’un gilet sobres. Toute fière, elle me tend un brassard blanc qui pue certainement la sueur les jours où il n’est pas propre. C’est… Ludmilla Weiss, elle, non? La sportive, si je me souviens bien. Mais… pourquoi j’ai besoin de signer son truc? Et si elle pouvait arrêter de me fixer comme une fangirl avec ses grands yeux vairons tous brillants, ce serait vachement plus confortable. Bref. Elle peut me la refaire, là?

« Tu veux que je signe ton… Pourquoi? »

Elle ne se gêne pas et s’assoit sur la chaise vide à mes côtés, son brassard toujours tendu dans ma tronche. D’un geste vif, je repousse sa main portant l’objet aux relents de sueur de devant mon visage, et recule légèrement sur ma chaise, histoire de conserver mon espace personnel.

« Bah, parce que t’es connu! J’t’ai suivi, quand t’as gagné la 101ème compétition d’Enola! Tu sais, je fais pas que du kendo, mais j’adore aussi le Pokéathlon, et je suis pas mauvaise en combats Pokémon non plus! M’enfin, j’trouve que t’as la classe, j’adore ton style et tes matchs, alors.. Vas-y, signes mon brassard! »

…Euh. Ok. Des fans, en dehors des gamins de 12 ans, j’en avais pas beaucoup. Donc, là, c’est la surprise. Quoique, elle a littéralement le comportement d’une pré-adolescente. Ramolli par l’alcool, je n’arrive pas vraiment à refuser, et prend mollement le marqueur qu’elle me tend pour signer de mes initiales, en m’appliquant à les calligraphier plus ou moins maladroitement. Ca ne ressemble à rien, mais la Ludmilla, elle, on dirait qu’elle trouve ça très stylé.

« Hé! Tu mets pas de dédicace?! »
« De quoi?! »
« Bah, un petit mot, quoi! Tu dois bien ça à ta plus grande fan! »
« Oh, tu veux que j’écrive « Pour Lulu ma plus grande fan, courage pour tes compétitions, poulette! » ? »
Dis-je, en prenant une voix aigue volontairement mièvre comme pour imiter celle de mon interlocutrice. Puis, je glousse mesquinement. « Non. J’ai signé, maintenant, fiches-moi la paix. »
« … Il est de mauvaise humeur, le champion? Hé.. Tu sais que c’est un peu parce que j’ai réclamé à papa de t’inviter, que t’es là? J’suis trop contente que tu sois venu ! »
« Génial, donc t’es une pie doublée d’une fifille a papa. Ça me fait une belle jambe. Maintenant, lâches-moi la grappe. »


La moucheronne semble vexée, cette fois-ci, et enfile le brassard en faisant la moue. Pourtant, son sourire revient de suite, avec une étincelle plus joueuse.

« Eh, c’était écrit, dans les journaux Enolians, que t’avais ton petit caractère. Et puis, parlant de pie, t’étais quand même plus bavard dans tes interviews! T’as l’alcool mauvais, ou quoi? »


Ils traduisent tout ça du français, jusqu’en Europe, ou alors, elle est si conne qu’elle est allée jusqu’à le faire elle-même? N’importe quoi. Si elle savait à quel point j’aurais du m’en passer, de ces interviews. Il y a  deux ans, la célébrité m’intéressait peut-être, mais maintenant, je n’en ai juste plus du tout envie. Ma vie privée est bien trop précieuse à mes yeux pour ça, et je ne parlerais même pas des risques que j’ai pris inutilement. Je soupire sans prendre la peine de répondre et me ressert un verre. Tantôt, j’aurais été ravi d’être dans une telle situation. Aujourd’hui, ça me casse purement et simplement les pieds. Probablement pour ça qu’aussitôt ma victoire passée, je n’ai pas cherché à surveiller ma popularité. J’avais un gamin de 6 ans à m’occuper et à planquer, également, et pour cela, je remercie le fait que la Compétition soit repartie de plus belle.

« Meh, c’est pas grave, j’ai l’habitude de traiter avec des têtes de mules, tu sais! J’suis désolée pour ce que mon père vous a fait subir, tout à l’heure, au fait, hein! Quelle humiliation! » Elle se redresse pour faire signe à Helmut, qui pour sa part était parti discuter avec son oncle… Zaroff, le gardien de zoo, je crois. « Hein, Cousin Helmut, j’suis désolééééée! » Tu parles, qu’elle est désolée. Je sais reconnaitre les menteurs quand j’en vois. Elle se rassoit pour recommencer à me causer. « Oui, Ernzt, il est un peu… Enfin, il est relou, quoi. J’aimerais bien m’arrêter un peu de faire compétition sur compétition, mais bon, lui, il veut que je sois la meilleure, alors, il me laisse pas me reposer… C’est un peu nul, j’aimerais bien faire autre chose, quoi… Des fois il ne me comprend pas… Enfin, tu vois, j’ai la sensation que j’suis pas vraiment comme ce qu’il veut que j’sois, que j’suis un peu différente et… »

Je ferme mes oreilles alors qu’elle parle dans un délire existentiel à la con. Elle croit être la seule à se loger à cette enseigne? On est tous mal fichus et décalés, ne lui déplaise. Pauvre petite fille de riche qui s’ennuie, c’est vrai que sa vie a l’air bien difficile, quand on l’entend parler. Quelle âge a-t-elle, déjà, 26 ans? Et, bon sang, elle est au moins aussi bavarde que moi à mes heures. Ou alors, elle ne parle pas assez avec sa famille pour en avoir tant à dire avec moi. Quand bien même, je ne lui ait absolument rien demandé, et je comprends pas pourquoi elle insiste tellement à vouloir faire copain-copain. Après-demain, je serais reparti.

« M’enfin, toi… T’es comme moi. Tu m’comprends, hein? »
« De quoi? »


Oh, tiens, ma bouteille est finie. Meh. M’en faudrait au moins une de plus pour prêter la moindre attention au baratinage de la gamine à mes côtés. Je prends donc l’autre bouteille pleine posée plus loin sur le buffet. Comme elle ? A quel point a-t-elle fait de mon cas débile un obsession, pour penser ça. Je me porte très bien avec moi-même et ma démence ces derniers temps, mais ce n’est pas pour ça que je souhaite partager mon cerveau avec qui que ce soit.

« Tss, t’as rien écouté. C’est quoi.. T’as ptet quelque chose à redire? »
« Pas vraiment, nan. J’ai rien à dire à une pauvre petite gamine de riche qui tue son temps en s’inventant des idoles inutiles. »
« …Meh, tu fais celui qui s’en fout, mais je sais très bien c’que t’as fait, hein. Ta vie clandestine, on la connaît. D’ailleurs, pourquoi tu crois que Tata Alma et Ernzt t’avaient à l’œil? »
« Non, non, je m’en fous réellement. Et je crois que tu n’as aucune fichue idée de qui je suis. »


Quelle naïve. Alors, comme ça, les Weiss auraient découvert mes terribles et sombres secrets? Je devrais m’en formaliser? Evidemment que des gens comme eux qui puent l’argent sale, et dont l’ancien chef est mort en prison n’allaient pas s’intéresser à moi pour ma jolie gueule d’ange rieur ou ma légendaire filmographie. Je hausse les épaules.

« Sérieux… j’aimerais tellement être comme toi… Pas de morale, pas d’amour. La liberté, quoi. La liberté de te débarrasser de qui tu veux, quand tu veux, sans rien ressentir. »


Dans quel genre de délire elle part, la gosse? J’arque un sourcil et me tourne vers elle, toujours le gouleau de la bouteille à la main. Après quelques secondes de pause complètement incrédules, j’explose finalement d’un rire qui raisonne dans toute la salle. Je retire ce que j’ai dit, cette gamine m’amuse follement. Elle n’a tellement rien compris de qui je suis, que j’ai simplement envie de me moquer d’elle toute la soirée.

« Héhéhé ! T’as fumé quoi, gamine? »
« Que.. ! J’ai pas fumé, putain, j’suis très sérieuse! Pourquoi tu ne m’apprendrais pas?! En plus… Ça doit être pesant, de jamais trouver quelqu’un qui te comprenne, nan? Moi je pourrais… Moi j’pourrais te comprendre, si tu m’disais comment… »
« Tu lis trop de mangas, pauvre conne. T’as rien compris. Sors un peu de chez ton papa, va voir le monde, ça te fera du bien. »
« … »
« Pas la peine de me regarder comme ça. »
Je continue de rire sur son regard qui me foudroie, et son poing qui se ferme avec colère. « Je me tape complètement de ta crise d’ado de riche frustrée qui s’emmerde. Va zigouiller qui tu veux, mais fois-moi la paix. »
« On parie…? Je vais le faire. Cette nuit. »


Oh, elle est vraiment stupide. Je me comporte comme une merde avec elle, mais c’est sa faute, elle n’a aucun recul et ma prise au pied de la lettre. Elle veut parier, elle prend son air plus sérieux que jamais, mais elle ne le fera pas. Aucun doute là-dessus.

« Bien sur. De toute façon, quoique tu fasses, y’aura toujours ton papa pour nettoyer tes bêtises. Donc, te gênes surtout pas. »
« …T’es pas mieux que moi. Toi aussi, tu as fait ça car tu t’emmerdais. Et parce que tes parents ne disaient rien. »


Là, je me tais, car elle a touché juste. Elle n’est peut-être pas totalement conne. Au moins, je m’en suis rendu compte, et je me fais plus passer pour un surhomme. Je continue de remplir mon verre, et reprend, après un court silence, toujours entre deux rires incontrôlés.

« Tu crois que c’est une performance, de faire ça? Y’a rien de plus facile, ma grande. »
« Bah, si y’a rien de plus facile, tu vas voir, je vais le faire. Et demain, j’vais tout te raconter. »
« Si ça peut te permettre de compenser. Pour la dernière fois, je m’en fous. Maintenant, dégages. »
« Demain, tu me prendras plus de haut, et tu seras forcé d’admettre que je-- »
« Putain de merde, sale naine, dégages! »


J’ai frappé la table et me suis levé au passage, en gueulant dans la grande salle. En faisant valser le buffet à mes côtés, je gueule de nouveau à cette gamine débile de sortir de mon champ de vision. Sans perdre son air de défi, la gamine se lève et se dirige vers la sortie. Si demain elle m’annonce qu’elle a fait son truc, alors, c’est que des dents auront poussé dans les becs des poules. Bordel, j’aurais pas du boire tant, je commence à me sentir malade. La tête me tourne. Et j’ai aucun souvenir de ce qui a suivi, ce soir-là. J’aurais pas du venir. J’aurais du rester avec Ludwig à préparer les fêtes de Noël. Quel abruti.
Avec sisi la famille.
C'est quand même beaucoup moins bien que le film avec Bill Murray.
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