« Rah, mais merde ! J'en ai par-dessus la jambe des papiers, okay ? Merde ! »

J'en avais marre. Je devais à chaque fois remplir des papiers, quand je gagnais, quand je perdais. Férosinge s'éloigna, en compagnie de la Lulu qui était devenue une Lucario depuis peu. Rouge, devant moi, habillée d'une chemisette rouge et d'une jupe blanche, m'observait avec sévérité. Je me retins de lui tirer la langue. On était dans le fond de l'arène, assis sur deux chaises, et elle me tendait un tas de papiers agrafés. J"avais pas envie d'y toucher, putain.

« Si vous arrêtiez de traîner ailleurs qu'en Arène, peut-être aurions-nous moins de problèmes, vous ne croyez pas ? »
« Je dois m'entraîner pour garder la forme, et mes pokémons ont le droit eux aussi à être entraînés !   »
« Si vous arrêtiez les sorties avec ce monsieur Nagel, peut-être auriez vous plus de temps pour vos responsabilités. »

J'émis un grognement. Je n'avais pas vu Alex depuis la dernière fois à l'onsen. Rien qu'à cette pensée, une bouffée de chaleur m'enveloppa, aussitôt évanouie par l'air mécontent de Rouge. Elle se doutait bien que chaque sortie n'était pas juste pour l'entraînement. J'allais répliquer quand une voix familière retentit. Je me retournais, et il était là, debout, l'air décontracté. Je je ... Je l'avais invoqué en pensant à lui ou bien ? J'avais du mal à réaliser ce qu'il venait de dire. On partait ? Je ne laissais pas le temps à Rouge de réagir. Prenant rapidement deux casques de moto, mon sac à dos et ma veste de cuir, je suivis Alex dehors. Je pris quand même la peine de bafouiller :

« Je vais m'entraîner, on sera sages, promis !  »

Mais j'étais déjà dehors, sous le doux soleil de la journée. Ma moto trônait là, fière, une reine parmi les reines de la mécanique. J'observais Alex, curieux. Il avait l'air aussi décontracté que moi : je portais un jean, un tee-shirt simple et ma veste de cuir.

« Tu veux aller où ? J'ai besoin de me dérouiller un peu et d'entraîner Férosinge. Ha au fait, Lulu a évolué. »

Peut-être nous entendirent-ils : Lucario et Férosinge arrivèrent en même temps de l'arrière de l'arène. Je les regardais doucement, puis les fit entrer dans leurs pokéballs. J'avais besoin de m'entraîner un peu oui.

« On peut y aller en moto, si tu veux. A moins que tu ne veuilles aller là où nous allons autrement ? »

J'étais content de le voir. J'avais promis d'être sage, et je comptais bien l'être. J'avais envie de passer du temps avec lui, mais sans que ce soit trop ... WOW. Je voulais parler un peu, ce genre de trucs. Rien qui soit trop fillette, hein ! Mais ... Juste parler un peu, merde.

Faut que j'arrête de sourire comme un idiot. Du coup, ma face de bêta heureux fait comme ON/OFF. Je reprends un air plutôt tranquille, mais mes yeux continuent de pétiller, en observant mon ami. L'idée d'aller dans le désert me plaît, mais il va peut-être falloir que je prenne de quoi nous vêtir mieux, non ? Après tout, on est fringués à peu près comme il faut, mais on a pas de chapeaux et puis ... Bah ! Merde ! Je tourne le regard vers le magnifique bolide et mon sourire revient un instant : rutilante et noire, l'engin est loin de passer inaperçu, et mon amour de la bonne mécanique me fait noter l'année, les pièces, tous les détails. Je note aussi mentalement le lieu où nous allons : une oasis ? Pourquoi pas, après tout ? Je n'avais pas encore eu le temps de répondre qu'il se décida pour la moto, prit un des casques et basta. J'éclatais de rire en mettant le mien et en relevant la visière pour pouvoir lui parler. J'enfourchais la bécane, l'invitais à s'installer derrière moi et à enserrer mes reins.

« Le désert du Titak et une oasis, c'est ça ? Très bien, chef, c'est comme si on y était ! »

Je fis vrombir le moteur, et en un instant, nous fûmes partis. Sentir la route, proche, le vent sur mon corps, la résistance de l'air, tout cela était grisant. Surtout que, même si je ne roulais pas comme un fou, j'aimais la sensation de vitesse. Je pris la direction du sud, en direction de ce désert dénudé d'arbres et de végétation. Il ne fallait pas tant de temps que ça pour y arriver, et finalement, nous arrivâmes en vue de l'étendue de sable. Petit à petit, autour de nous, la végétation s'était raréfiée, et à une sortie, nous arrivâmes finalement à une autoroute coupant dans le désert. Autour, du sable, de la poussière, des cactus ici et là, et des cailloux d'ocre et de terre rouge. Je tendis mes jambes alors que j'arrêtais la moto pour souffle et détendre un peu mes bras, et retirais mon casque pour demander la route à mon compagnon.

« Alors, c'est par où ? Au fait, tu aimes faire de la moto ? Je sais que chez certains, ça fait peur, et que d'autres ça les grise, cette sensation de vitesse. Moi ça me fait ça. J'adore la vitesse, et ma moto surtout. »

J'eus une petite claque affectueuse, comme un cavalier pourrait en avoir une pour sa pouliche. J'étirais mes bras, puis nous reprîmes la route quelques temps jusqu'à ce qu'il m'indique une direction. Hésitant, j'essayais de glisser ma moto sur le sable, et heureusement pour moi, mes pneus étaient capable de rouler sur le sable sans s'y enliser. Nous atteignîmes donc finalement l'oasis, qui de loin ressemblait surtout à un mirage, ondulant sous la chaleur qui commençait à taper fort et qui nous entourait, réverbérée par les grains de sable au sol. Je garais ma moto sous les premiers arbres de l'oasis, qui se trouvait être verte et humide, un véritable paradis.

« Hé ben, je suis pas fâché d'arriver ! » fis-je, trempé de sueur sous cette forte chaleur. Sous mon casque, mes cheveux s'étaient englués de sueur également, et je frottais mon front du dos de ma main, en souriant vers Alex. « Alors dis moi, tu avais des idées derrière la tête pour m'emmener ici ? J'y suis jamais venu, c'est sympa. »

Je m'approchai de l'eau claire, et y but une gorgée. Goût de poussière,de minéraux, mais elle était buvable. Je m'assis en tailleur sur l'herbe rêche qui poussait là, content de pouvoir faire halte dans un endroit pareil, en pareille compagnie. La curiosité quant à notre visite ici m'assaillait, à présent : pourquoi était-il venu aussi rapidement, sans me le proposer d'abord ? J'étais franchement curieux, oui.

Finalement on est arrivés, et ça fait du bien. Apparemment, je l'ai vexé en ayant pu songer qu'il avait eu peur. Je retiens un rire en me mordillant la lèvre. Je voulais pas dire ça. Je me doutais bien qu'il avait pas pissé dans son froc, hein. On s'abreuva un peu, tous les deux gluants de sueur. Je mis au frais Hypotrempe et Loupio, qui se mirent à frétiller dans l'eau, bien que le pokémon eau et électrique fut plus timide. Mon hypotrempe, elle, s'approcha du bord, fixa Alex, puis retourna jouer parmi les fleurs du bassin. Je lâchais aussi Férosinge et Ponyta. Tous furent très contents d'être enfin dehors. Je me tournais vers Alex, sourire aux lèvres.

« Pas de bol ? Boarf, ça me dérange pas. J'suis content de sortir un peu. »

J'observais ses pokémons : première fois que je les voyais. Une grandbull à l'air patibulaire et un petit Scalpion. J'étais concentré sur eux quand les paroles d'Alex me parvinrent. Je restai un instant interdit : allons bon, voilà qu'il recommençait à se faire des idées ! Hélas, mes joues rosirent un peu. C'est vrai que parfois, avec Rouge, ça pouvait devenir bizarre. Mais je n'étais pas intéressé par elle. Je savais cependant qu'elle avait été attiré par moi avant de savoir que je préférais les hommes. D'ailleurs, mon orientation n'était pas ... Disons que je n'avais pas eu l'occasion de connaître de femmes. Etais-je finalement aussi homo que je le croyais ? Les paroles d'Alex avaient fait naître un doute en moi, un questionnement, et je haussais les épaules, un peu agacé.

« Mais nan, t'y es pas du tout. C'est ma secrétaire, et elle m'aide dans mon boulot. Elle voudrait que je sois le champion parfait, capable de signer plein de paperasses, de serrer des mains avec le sourire. Mais moi ça me fait bien chier, voilà la vérité. Alors on se crie dessus, on se dispute. Mais au fond je l'aime bien. C'est pas quelqu'un de méchant. Je me sens pas attiré par elle, crois pas ça. »

Pieux mensonge, non ? Disons que je n'avais jamais réfléchi à si je me sentais attiré par elle ... Et que je ne voulais toujours pas y réfléchir. Et puis, pourquoi j'essayais de m'expliquer hein ? Je haussais les épaules de nouveau, puis allais m'asseoir près de la berge pour caresser Perséphone, qui, câline, vint se presser contre moi, avant d'aller titiller Férosinge en lui lançant des jets d'encre.

« Mais t'as raison : heureusement que t'es arrivé. Merci d'être venu me chercher, ça va me faire du bien de sortir » fis-je de nouveau. Je me répétais, oui, mais ça me ferait VRAIMENT du bien.

Alex avait l'air bizarre. Comme ... Mal à l'aise. Je ne comprenais pas trop pourquoi. On était bien là, non ? Il faisait chaud, mais l'air près de l'eau était doux. On était bien, et ... Et il commençait à se déshabiller ? Je haussais les sourcils, d'un air interrogateur : qu'est-ce qui lui prenait ? On avait pas promis d'être sages ? Je me redressais, laissant Persé et Thésée jouer un peu, tandis que Férosinge était monté aux arbres pour se dorer et Ponyta broutait l'herbe sèche. Je m'approchais de lui, et je le vis arriver, mais je me laissais tomber lourdement. Il voulait jouer hein ? D'accord.

Je plongeais dans un jet d'eau, et nageais au fond. Puis, je ne bougeais plus. Je restais quelques temps sous l'eau, juste histoire de l'inquiéter un peu de ne plus me voir. Puis, quand je le vis bouger, quand je l'entendis, je remontais comme une flèche, perçais l'azur de l'eau, le saisit par les épaules et l'amenait avec dans l'oasis, dans un nouveau plouf magistral. Puis j'éclatais de rire et lui jetais un coup d'oeil amusé.

« Je t'ai eu. T'as voulu jouer, hein ... Maintenant faut tout enlever» fis-je en écho à ses paroles, en haussant les épaules d'un air amusé. Gardant mon sourire narquois, je lui jetais un coup d'oeil taquin. « T'aimes pas quand c'est calme, hein. Tu aimes quand ça bouges, quand il se passe des trucs, quand on se chamaille, qu'on joue, qu'on se bagarre. »  

J'avais enfin compris ce qui se passait. Voilà pourquoi il ne pouvait pas rester tranquille cinq minutes. Je gardais mon sourire et lui volais un léger baiser. Puis je m'éloignais, nageais, flottais à la surface, et retirais mon tee-shirt trempé que je mis à sécher aux branches d'un buisson d'épineux. Je m'étirais, soulagé de ne pas porter ma bande - je ne la mettais plus quand j'allais avec Alex. J'avais tendance à ne plus la mettre du tout - je commençais à manquer de vigilance à propos de ça. J'allais devoir me méfier un peu.

« Alors dis moi, tu fous quoi dans la vie pour t'emmerder autant, la journée ? T'as pas des gens à qui donner des ordres ? Je t'imagine bien en petit chef tyrannique » fis-je en rigolant sous cape, mes épaules se haussant et s'abaissant au rythme de mon rire.  

Et puis, j'étais curieux d'en apprendre un peu sur lui. Je continuais de l'observer ; l'eau était douce, agréable, et le sable au fond glissait sur mes pieds nus car j'avais retiré mes chaussures. Mon jean collait à ma peau mais je craignais que le retirer ne donne des idées au blondinet. Et j'avais envie d'être sage, pour une fois.

J'adorais l'énerver. Comme un moustique qui viendrait vrombir près de l'oreille d'un taureau. C'était facile, une fois qu'on avait cerné le personnage. Je savais que ça l'agaçait, que je ne m'énerve pas moi, alors je prenais tout avec tranquillité - enfin j'essayais. Je trouvais ça drôle, qu'il se creuse les méninges pour m'énerver encore plus. J'étais curieux de savoir quels genres d'emmerdes il pouvait créer en allant plus loin, toujours plus loin. Je hochais la tête, haussais les épaules ; j'avais demandé pour son job par curiosité, je ne songeais pas qu'il était entièrement du régime. Cette idée me refroidit un peu, mais l'air ambiant me réchauffa bien vite, tandis que Perséphone venait trompéter autour de ma tête tandis que je faisais des longueur dans le bassin, agile et preste comme un dauphin. Mon ami, à côté de moi, jouait les mégalos.

Un harem, un palais ? Hé ben, il ne s'embêtait pas ! J'aurais ri si je n'avais pas su que, au fond, il aspirait vraiment à avoir de telles choses. Je me doutais bien que l'idée du harem, toussa, c'était pour se donner de grands airs, mais il était tel quel. Il était né pour diriger, et il désirait contrôler. C'était comme ça. Je me redressais au milieu de l'eau, les épaules un peu courbaturées. J'eus un petit rire, quand il parla de déposer mon cv.

« Allons, moi je ne veux pas juste être un mec du harem. J'veux la place près du roi, je préfère être unique en mon genre. Faire partie d'un groupe, être fondu dans la masse, c'est pas mon style ... Et puis, mon cv est plutôt bien rembourré, tu pourrais être surpris ... »  

J'avais eu un ton taquin, l'air de dire qu'il était loin d'avoir tout ce dont j'étais capable. Mais nous fûmes interrompu par des bruits, je sentais le vent se lever. Thésée et Perséphone s'approchèrent de moi, et je suivis le conseil d'Alex. Je sortis du bain, m'ébrouais et remis mes cheveux en place, tandis que mon hypotrempe sautait sur mon épaule, agile, et que le loupio partait se cacher plus profondément dans le bassin. Quel lâche, celui-là ... Je manquais un soupir et m'approchais d'Alex, vaguement tendu, vaguement impatient aussi.

« Je me demande à quoi on va avoir droit » fis-je d'une petite voix impatiente.

Je n'avais jamais mis les pieds dans le désert et j'avais hâte de savoir quel genre de faune pokémon il y avait.

Apparition d'un pokémon sauvage ; zone Terres Arides ; Désert ; merci ! ♥

J'avais mal expliqué les choses. Merde. Je l'avais bien vu, dans son regard, qu'il avait compris autre chose. J'aurais voulu m'expliquer : je n'avais mis aucun sous-entendu dans mes paroles ! Mais nous fûmes importunés par deux pokémons sauvages. Je hochais la tête quant à sa répartie, incapable de répondre, fasciné par le sable qui balayait le décor devant nous à l'approche des pokémons sauvages. Ce fut tout d'abord ... Je rêve ou c'est une pépite d'or avec des bras ? Un .. Un racaillou chromatique ! Il s'élançait vers Alex ! Je n'eus pas le temps de me concentrer davantage : un sabelette s'élança dans ma direction, l'oeil luisant d'envie de combattre.

« J'avoue qu'un lingot sur pattes c'est pas exactement le comble du chic ...

J'eus un petit sourire, et d'un geste, Hypotrempe s'avança au combat. Perséphone trompéta de joie à l'idée d'enfin pouvoir montrer de quoi elle était capable. Tandis qu'Alex envoyait Sophie au combat, j'envoyais mes ordres :

« Allez, Persé, Bulle d'O ! Arrose le assez pour la mettre KO !  

Je ne désirais pas l'ajouter à mes pokémons, et j'avais envie de voir de quoi était capable Perséphone pendant un combat. Sa peau écailleuse luisait au soleil, alors qu'elle trompétait pour annoncer le début du combat. J'aurais aimé pouvoir envoyer Thésée, pour lui mettre un bon coup mental de pied aux fesses pour lui montrer qu'il était tout à fait capable, mais tant pis !

Envoi de Hypotrempe ♀ - Perséphone - Glissade - Joviale.

♦ Hypotrempe lance Bulle d'O x 2 ou 3 selon les actions d'Alex ^^

Le sablette avait reçu le jet d'eau avec une précision incroyable. Je haussais les sourcils et me tournais vers Perséphone, qui trompeta dans ma direction, fière de son coup. Je la pris dans mes bras et elle glissa sa trompe humide dans mon cou ; ce n'était pas désagréable, et je la félicitais pendant que Alex capturait son racaillou doré.

« Bravo ma belle, quelle puissance. »

L'hypotrempe hocha sa petite tête écailleuse, et bondit dans l'eau de l'oasis pour retourner embêter Thésée. Je me tournais vers Alex. Pourquoi il avait pas l'air content ? On venait de combattre des pokémons, et il avait capturé son lingot à bras. Il grommela, me cogna le haut du crâne - pourquoi il faisait ça ?! - et me dit qu'il allait pisser. La grandbull le suivit avec docilité, et je grimaçais. Quelle mouche le piquait hein ? Je soupirais et quand il eut disparu, râlais à mon tour.

« Il est pas bien, celui-là ... Raahlala. Persé, je te félicite encore. Tu as très bien joué sur ce coup. En une attaque, c'était plié. Je suis fier de toi. »

Loupiot vint crever la surface, quémandeur de câlins et de compliments, et je lui caressais ses antennes pour le gratouiller là où il ne pouvait le faire. Je me demandais combien de temps Alex mettrait avant de revenir. Le regard de mes pokémons étaient curieux. Je savais quel genre de questions ils se posaient.

« Oui, je sais, je suis idiot de fréquenter ce mec. Je sais, je sais. Mais j'y peux rien. J'aime bien sa présence. Hm ? »

Un bruit m'avait fait tourner la tête tel un rapace en chasse. J'espèrais qu'Alex n'allait pas avoir d'ennuis. Seul dans l'espèce de jungle qui entourait l'oasis, il pouvait très bien se perdre. Je m'imaginais devoir aller à sa recherche ... Ha non hein ! Je me frottais l crâne là où il m'avait tapé ; quel crétin quand même, songeais-je avec une pointe d'affection, alors que je me redressais, prêt à toute éventualité. Persé, toujours dans l'eau, semblait fébrile. Elle aussi espérait que ce soit un pokémon, pour nous dérouiller un peu avant qu'Alex ne revienne.

Apparition d'un pokémon sauvage ; zone Terres Arides ; Désert ; merci ! ♥