« Je vois que tu as progressé… »
« Martha? »
« …Mais cela ne suffit pas pour me vaincre car tu n’as pas vu toute l’étendue de ma p- »
« Marthaaaa! »
« Quoi?! Tu peux la mettre en veilleuse, deux secondes?! »
« Tu vois bien que tu as perdu alors me force pas à venir t’aider! »
« C’est vrai, mamounette, il faut savoir abandonner. »
« BANDE DE CONS! »

Fait ma mère avec mauvaise humeur alors que je la libère d’une clé de bras qui aurait pu lui coûter son os. Elle repart d’un air boudeur vers son époux en grommelant à la manière d’un enfant, bras croisés sur la poitrine. Chose qui agace visiblement aussi Helmut car il la snobbe en jouant avec son.. ses deux portables. Méfiant, je tâte mes poches mises en désordre par le combat pour vérifier et…

« Je rêve ou c’est mon portable que tu as dans la main, le gros?! »
« Si, si, c’est le tien, tu l’as fait tomber tout à l’heure, quel maladroit! »
« RENDS-LE MOI! »

Le soucis c’est que quand mon père lève le bras, bah, je suis trop petit pour attraper le portable. Bordel de merde. Et ça les fait marrer de me voir sautiller comme un débile pour reprendre mon du. Il a pas eu assez de voir sa nana s’humilier en me loupant à plusieurs reprises lors de notre petit combat. Faut dire que si elle respectait les règles de l’art du kung-fu, moi j’ai plutôt respecté les règles de l’art des techniques lâches dégueulasses. Bah quoi, à adversaire détestable, techniques détestables!

« Hé, au fait, c’est qui la nana à l’air cochonne avec des cheveux rouges dans tes photos? »

Bon, je vais pas jouer à ça avec lui, je vais me contenter de lui enfoncer mon poing dans le face pour reprendre mon téléphone immédiatement. Réaction en chaine obligé, Martha riposte à sa place et je me reçois une bonne grosse baffe, et Helmut grogne tout en me repoussant plus loin, et je me prend la poubelle dans le bas du dos. Mais ouille! M’en fous j’ai mon portable, na.

« C’est ta copine? »
« Ahaha! Ouais, bien sur! »

Dégueu. C’est Cassey. Même pas dans 1000 ans, même si on est les deux seuls êtres humains sur terre encore capable de sauver notre espèce… Quoique j’y réfléchirais peut-être, mais faudrait déjà qu’on y soit. Mais là, comme ça, non, sans façon, c’est ma garce à moi.

« Quelles sont tes intentions avec elle? Tu vas l’épouser et lui donner une bague avec un diamant gros comme ton ego? »
« Tu me gonfles! D’ailleurs, m’en voulez pas si je vous lâche ici. »
« Attends! Tu peux nous montrer le chemin du Palatz-truc-machin? Enfin, l’hôtel le plus chic de la ville où on réside, bien entendu. »
« Ah, oui bien sur. Alors, tu prends, à gauche à droite, puis le prochain poteau lumineux… tu te le fous bien profond dans le c-- »
« Alexander, arrêtes d’embêter ton père! Et toi arrêtes de faire le malin! »

Avec un bonne nuit synchronisé débordant d’hypocrisie, le couple de PDGs font volte face comme un seul homme et partent vers.. Leur hôtel, donc, j’imagine. Je soupire profondément. Ils sont fatiguant, ces gosses. Comme si j’en avais pas assez tous les jours! Bon, bah, il va bientôt être 5h, il est temps que je rentre à l’appart, et sans trop trainer..

Bah, c’est malin, j’ai pas emmené mes écouteurs, alors maintenant, je me fais chier. Normalement, seul, je ne m’ennuie pas, donc vous avouerez que c’est singulier. Mais j’ai beau faire la tronche, c’était marrant, cette parenthèse familiale. Enfin, c’est plus une paire de collégiens stupide que mes parents que j’ai eu la sensation de rencontrer très tôt ce matin. J’espère que c’est pas un truc ballot du genre, j’attendais des conseils car je suis franchement désespéré sur mon cas en ce qui concerne élever mon frère. Je n’ai franchement pas la motivation, gnagnagna, et tous les caprices d’enfant de 6 ans qui vont avec. Ouais, je sais, j’ai qu’à assumer! Et voila! Maintenant je suis encore plus irrité, c’est malin ! C’est leur faute d’abord! Quoi, j’ai le droit, avec eux, c’est mes parents, et toute excuse est bonne pour cracher sur ses vieux.. Surtout quand ils sont aussi bêtes. Et en plus je suis sûr qu’ils se font des bisous parce qu’ils s’aiment, maintenant. Berk. Bon, dans des cas de crise de gaminisme pareille, il faut soit que j’aille faire des pâtés de sable (ou enterrer des cadavres, c’est rigolo aussi.. euh... oui, oui), soit que je trouve un casting où ils cherchent un ado sans acné.

Je crois qu’à force de tergiverser en marchant, je suis parti dans la mauvaise direction. Eh, je vous le dis tout le temps, qu’il faut pas me laisser seul à réfléchir, je ne suis pas sortable du tout, moi ; la preuve : je viens déjà de détruire le monde 11 fois dans ma petite tête de mégalo frustré débile. Et Rinzler me signale que j’ai raté un de ses compatriotes, et Scylla me prend par le bras comme une matrone comme pour me dire « c’est par ici l’asile, Alex, pas par là ». Ahah ! Je sais même pas à quoi ça ressemble, chez les fous, moi. Apparemment, je devrais. Bah, j’y finirais peut-être mes jours si ils finissent par m’attraper. Mais, là, tout de suite, ça me tente pas. Pour le moment je dois terminer ma promenade! Et rentrer à l’appart pour terminer ma nuit et voir Ludwig.  Ah oui, ça doit-être ça. Je procrastine.

Bon, allez, on fait la liste des trucs qui m’encouragent à revenir à la maison pour retrouver Ludwig! Chasser le baby-sitter avec des coups de pied au cul ! Ah, bah, non, si je fais ça faudra en retrouver un autre, donc, non. Ca aurait été très très fun mais c’est pas une bonne idée en fait. Donc tant pis. Quoi d’autre? Rentrer par la fenêtre du 22ème étage comme au bon vieux temps! Puis, accessoirement, peut-être dormir, pour une fois, ce serait sympa, en gagatant sur la mignonitude de Lulu quand il dort. Un petit rayon de soleil, ce gamin, parfois, tout de même. Et je dis pas ça car il a les cheveux aussi blonds et flashy que les miens!

Scylla continue de me materner et je me laisse faire, un peu las et franchement crevé. Et comme un imbécile, je trébuche sur un Voltorbe qui…  

« Ouhla! Oh merde! »

Ca va péteeeeeeer! Cours pour ta vie, Alex, car tu n’as plus grand chose à dire dans ce post!  Donc, bah, je cours, je me jette par terre, et ça explose… de manière pas très impressionnante. C’est pas réjouissant, même un peu déprimant, comme fin, pour ce Voltorbe. Enfin, inutile de plus retarder l’échéance comme ça. Je siffle Chris qui se rapproche de nous, et nous permettra de rentrer plus rapidement.

Vu comme je m’apprêtais à continuer d’errer comme un débile dans le coin en ruminant la conversation que j’ai eu avec mon paternel et toutes les pensées plutôt déprimantes qui me viennent quant à mon rôle à assurer auprès de mon frère, je préfère encore rentrer au l’appart. Au moins, j’éviterais partiellement de culpabiliser d’avoir laissé mon frangin seul une bonne partie de la nuit. Bon, c’était prévu ainsi, mais que voulez-vous, même moi, j’ai des responsabilités qui me rattrapent de temps à autres. Comme c’est étonnant : j’ai donc un semblant de reste de conscience qui a survécu, qui l’eut cru! Ne cherchez pas, Ludwig est à mes yeux une exception qui confirme toutes les règles et tous les aspects peu réjouissants de ma personne, et qui, ma foi, compense plutôt bien. Je pensais que le retour se ferait sans encombre, et franchement je prendrais assez mal que ce ne soit pas le cas… Donc effectivement je vais mal prendre le fait qu’une armée de Pijako veuille ma mort, là, tout de suite, alors que je suis à peine grimpé sur le dos de Chris. Enfin, n’ayant pas rappelle Rinzler ni Scylla, mes deux alliés se chargèrent de faire comprendre la colère contenue dans un de mes grognements agacés à coup d’Hydrocanon et d’éclairs qui transformèrent les piafs en poulets rôtis détrempés. Le reste des oiseaux s’en allèrent sans demander leur reste l’air de dire qu’ ils reviendraient quand même pour se venger! Non, mais pourquoi me prennent-ils? J’ai vu le film d’Hitchcock, je connais tous leurs tours, et je saurais les attendre à chaque coin de rue, qu’ils osent venir m’embêter encore une fois!

Comme ça, c’est fait, je demande à Chris de s’envoler en direction de l’appartement, chemin qu’il connait bien pour l’avoir fait un certain nombre de fois les années passées. C’est marrant, ce parcours m’évoque pleins de souvenirs divers, plus ou moins bons, mais me donne un semblant de sensation de progression dans mon parcours. Une fois arrivé, tout est silencieux dans l’appartement, le baby sitter écrase sur le clic-clac, et pour ma part je grimpe pour voir Ludwig tout aussi assoupi au fond d’un lit trop grand pour lui tout seul.  Ne voulant pas le réveiller, je me pose simplement par-dessus les couvertures sans faire trop de bruit et m’en vais bientôt roupiller pour quelques heures, jusqu’à ce que mon petit frère me réveille à coup de « Alex j’ai faiiim! ».