Match n°2 (2013 - 2014)

VS John Lewis Armstrong

Dalhia est rapide. Pas autant que Nero et sa vitesse surhumaine, mais en tous cas, elle est bien la seconde plus agile et maîtrise assez bien sa capacité d'attaquer en première. Bien évidemment, il y a les cas des attaques de priorité, et Faust ne se fait aucune illusion ; c'est bien de ce genre d'attaques que son adversaire va utiliser, choix évidemment logique étant donné que le Lucario doit sûrement être le plus lent, et donc n'aura pas le temps de porter une attaque plus efficace comme Aurasphère ou le Close Combat qu'il a montré tout à l'heure (Nero risquerait sûrement d'être amer à ce sujet pendant quelques heures, tiens). Ainsi, même si l'équipe de Faust est assez lente, il peut avoir confiance en elle et ses capacités destructrices pour retourner la balance en sa faveur ; Feu d'Enfer a par exemple bien souvent donné des migraines à de nombreux challengers. Dalhia est de la moins la plus sous-estimée, de par ses nombreuses faiblesses ainsi que sa fragilité, mais Faust la considère comme une des pièces maîtresses de sa team, celle en qui il a toute confiance. Ainsi, il leur suffit d'un seul regard, bref et direct, pour se dire tout ce qu'il y a à dire. La Démolosse reste le premier pokémon qu'il a capturé après tout, bien que plus honnêtement, c'était surtout Dalhia qui avait choisi de l'adopter plutôt que l'inverse. Il n'avait pas vraiment eu le choix ; après l'avoir sauvé, elle avait catégoriquement refusé de le laisser et était donc restée. Ça s'était fait comme ça, sans plus de chichis et discutions superficielles.

Calme et maîtrisé, Faust observe la situation et surtout, détaille son challenger ainsi que le brave Lucario qui l'accompagne. Les deux resplendissent de par la force de leur lien que le conseiller peut voir de ses propres yeux, et il se sent honoré d'être le témoin d'une pareille chose. Il se permet un bref coup d’œil vers les gradins pour y trouver Alice et expire rapidement, rassuré. Elle n'a pas l'air d'avoir peur, et porte bien son cache-oreilles qui lui permet de ne pas fondre en larmes à l'entente du moindre son trop puissant. Puis, enfin, il pose ses yeux sur la Démolosse et finit par donner son signal.

« Vas-y. »

Un bref hochement de tête, deux regards qui se croisent, noir et bleu opposés, et la chienne des enfers s'élance, un grondement colérique et bestial résonnant dans le stade comme seule preuve de leur échange.

Match n°2 (2013 - 2014)

VS John Lewis Armstrong

Faust n'est pas du genre à s'agacer, en combat. Il est même du genre à sourire comme un idiot devant ceux qui gagnent, après leur avoir donné le symbole ténèbres, ce petit objet à l'air si insignifiant mais pourtant résultat de tant d'efforts. Le conseiller aime les matchs remplis de suspense, qui remportaient leur beauté par les nombreuses stratégies et idées mises en place, mais il aime surtout voir les excellents dresseurs monter jusqu'au sommet. Il aime voir ceux qui l'ont vaincu s'opposer à des dresseurs plus doués, les voir gravir les marches de la ligue les unes après les autres, pour pouvoir sourire et contempler cette ascension qu'il a prédit. Combien de fois a-t-il perturbé ses opposants en les félicitant chaleureusement, comme si il avait remporté la meilleure des récompenses ? Il ne sait plus. Pourtant, ce match ne se déroule pas comme il l'aurait voulu. John ne parvient pas à s'accrocher à quelque chose et il semble qu'il panique, perd tous ses repères et se laisse aller aux affres les horribles de l'angoisse.
Terreur. C'est probablement l'équivalent de l'émotion que Faust peut lire sur le visage de son challenger, et cette simple vision lui fait serrer les poings de rage. C'est ça, son élément. Ce dont il joue, qui est un facteur vital d'un grand nombre de ses stratégies, et qu'il maîtrise presque autant que son sang-froid durant les matchs, peu importe la gravité de la situation. Le conseiller voit en ses matchs un test déterminant, présent pour permettre aux challengers de vérifier s'ils sont véritablement capables de faire abstraction de leurs peurs les plus profondes et d'avancer. Si ils peuvent voir au dessus de l'avis parfois très négatif qu'ils se font d'eux-même, si il sont capables de passer au dessus des apparences et accepter qu'eux aussi peuvent remporter la victoire. La peur de perdre, c'est la chose que Faust veut chasser des esprits. Et pourtant, il en joue. Vibroscur, Morsure, Eboulement, Extrasenseur ; voici les noms des quatre attaques dont Faust dispose pour cela et qui l'ont tant de fois tiré de situations très difficiles et apparemment indémêlables. Il est pourtant le premier à être la victime de la peur, mais il a appris à vivre avec et à en faire son arme. Néanmoins, aujourd'hui, c'est bien la première fois qu'il voudrait qu'elle disparaisse chez un adversaire.

Il n'est pas extrêmement rare qu'un adversaire craque sous la pression. La défaite, à un avancement pareil dans la compétition, est rarement acceptée facilement. Faust peut le comprendre. Toutefois, pour ce match en particulier, Faust n'est pas aussi compréhensif qu'il le serait pour quelqu'un d'autre. Ce n'est pas la première fois que John se laisse aller à la peur, que ce soit dans ce match ou auparavant, et le conseiller n'a pas l'intention de laisser passer ça sans rien dire. Son regard, rendu glacial par l'agacement qui le parcoure, se pose sur son challenger.

« Reprends-toi. »

Ce n'est plus juste un conseil. Son ton, ferme et dénué de toute hésitation, ne laisse pas de place à la gentillesse chaleureuse dont il avait fait preuve au début du match. Il n'aime pas agir ainsi, mais c'est bien la seule chose qu'il peut faire pour tenter d'aider John à se ressaisir.

« Si tu es si persuadé que tu peux encore gagner, alors cesse de trembler. Regarde ton adversaire en face, considère la situation et calme-toi. Fais-le au moins par respect pour ton amie. Par respect pour toi-même. »

Vers la fin, sa voix est devenue plus douce, plus calme. Il a abandonné le vouvoiement, et ne doute pas un instant que son comportement ne sera pas oublié, mais il se fiche complètement de ce qu'on peut penser de lui. Pour l'instant, ce qui était important, c'était de calmer le dresseur en face de lui. Même Dalhia observait en silence, ne fêtant pas sa victoire, et préférant attendre le signal de son dresseur plutôt que de sauter sur son adversaire.

Match n°2 (2013 - 2014)

VS John Lewis Armstrong

Cette sensation, Faust la déteste. Il la haït plus que tout et ne peut s'empêcher de se dire qu'il y a dû avoir une erreur quelque part, que ce n'est pas possible, qu'il doit avoir du mal à voir, mais ce n'est pas le cas. La réalité est là. Amère et franchement tout autant désagréable à avaler, aussi égoïste que ce soit de sa part. Il peste intérieurement et soudainement, il hait devoir porter des gants de cuir car il aimerait bien que serrer autant ses doigts finissent par le griffer et lui donne ne serait-ce que quelque chose pour se défouler. Il est énervé. Surtout contre lui-même, en fait, sans raison particulière parce qu'il sait qu'il n'a rien à se reprocher, mais même Dalhia partage sa frustration. La Démolosse observe son adversaire et grommelle, gratte le sol ; elle veut plus. Pourtant, cela n'arrivera pas et Faust le sait, tout comme la chienne qui se fait tout de même de faux espoirs. Son dresseur lui a tant parlé de ce combat que pour l'instant, elle aimerait voir plus, mais cela ne sera pas le cas. Alors elle s’assoit, en silence, et lorsque son regard rencontre celui du conseiller, ils comprennent tous deux ce que l'autre pense. C'est quasiment naturel.

Les applaudissements qui lui sont dirigés ne l'atteignent même pas, mais de toute façon, il y a bien longtemps qu'il a cessé d'y faire attention. Il aimerait parler, mais John est déjà parti, le laissant seul avec ses pensées noires et la houle sombre de regrets qui l'assaille violemment. Il affiche un sourire forcé, et fait du mieux qu'il peut pour qu'il n'ait pas l'air trop faux étant donné que sa fille est dans les gradins. Il disparaît derrière la porte et retourne dans sa loge, pestant et grommelant dans le couloir, et s'écrase sur sa chaise en laissant s'échapper de sa bouche une bonne dizaine d'insultes destinées à lui-même. Dalhia le suit en silence, et lorsque Faust lui intime de retourner dans sa ball pour être soignée avec Nero, elle lui grogne dessus pour lui signifier qu'il est hors de question qu'elle le fasse. Faust soupire, connaissant par cœur cette expression et il sait très bien que cela ne servirait à rien d'essayer de la convaincre. D'humeur morose, il demande poliment à Nina, la jeune femme chargée du service de sa jambe, de lui apporter une bouteille de jus de pamplemousse. Demande à laquelle la jeune femme répondit par un sourire ; un ange, cette fille, sérieusement. Ce n'est pas de son genre de demander ça, il est d'ailleurs plus du genre à aller se servir directement, mais là... Il avait besoin de se changer les esprits, et rapidement. Mine de rien, il avait un autre match d'ici peu et ne pouvait pas laisser sa déception lui brouiller l'esprit.

Cette victoire n'en a pas le goût. Au contraire, elle a celui amère de la plus affreuse des défaites.