C’est ça que j’ai toujours apprécié chez John. Je pense que c’est bien la personne avec qui j’ai vécu beaucoup de chose en finalement si peu de temps. Et surtout, je ne sais pas par quel moyen, ces paroles réussissent à me marquer pour avancer. D’autant plus lorsqu’il me propose ce deal. Après tout, il est bien plus que raisonnable et je pense que je pourrais le remercier très longtemps de m’offrir de réparer mes erreurs. Recommencer en quelques sortes, mais sur de bonnes bases. Mon sourire est revenu. C’est vrai, je ne peux pas m’en empêcher. C’est cette présence à côté de moi qui me fait devenir complètement idiote. Je sais pas pourquoi. C’est tout de même assez fou vu que de base, je restais souvent avec des garçons. Etrange donc. Si un jour, on m’avait dit que sur Enola, je ferai des rencontres qui changeraient ma vie, j’aurais vraiment sauté dans le ferry au lieu de pleurer comme une idiote la séparation avec mon frère. Après tout, maintenant, j’avais Victoria, Maxwell et même Morgan, mon partenaire de coordination préféré ! Et John. Je crois bien que c’est ma rencontre décisive de l’endroit. M’enfin, même si je ne veux pas m’avancer sur la suite de mon parcours, je suis sure que c’est le cas. Je tends ma main à John pour qu’il la serre accompagnée d’un sourire.

« - Tu as bien raison ! On oublie tout. Mais… Dis, je peux ? »

Je regarde sa main avec un regard gêné tandis que quelques couleurs apparaissent sur mes joues. Depuis que je suis gamine, quand je ne sais pas vraiment trop ou vas une conversation –qui plus est qui pourrait devenir embarrassante– je m’amuse en quelques sortes. J’attrape doucement, et délicatement sa main la plus proche de moi, et commence à redessiner ses traits. C’est étrange mais c’est un bon calmant pour moi. Faire ça, m’empêche de devenir la furie bavarde que je peux être lorsque je suis vraiment de bonne humeur. Et là… Vu qu’on me permet d’oublier mes erreurs passées… Le silence qui règne sur l’endroit est vraiment apaisant. J’en oublis parfois la beauté à cause de longs monologues mais, j’aimerais éviter ça pour John. Le pauvre, je le ferai fuir sinon ! Me rappelant d’une chose que je voulais lui demander, je relève la tête et plante mon regard dans le sien.

« - Dis, ça fait un bout de temps que je voulais te demander ça… Mais, hum, tu sais, la dernière fois qu’on s’est vu et que… hum… ça est arrivé… Je voulais savoir si… enfin… tu vois… »

Yumi ou l’art de ne pas savoir s’exprimer correctement. Moi, j’dis, si tu arrives à comprendre John, je te tire mon chapeau car il est vrai que là, je crois que je ressemble à une tomate prête à exploser. Je lâche –ou plutôt bafouille– une excuse pour qu’il laisse tomber. Arf, j’ai trop chaud maintenant. Je fais quoi moi pour dissiper ma bourde. Je pourrais… Mais pourquoi je pense à ça moi. Ce serait trop la honte si je faisais ça ! Et là, je replonge mon regard sur sa main que je continue de toucher doucement. En fait, j’aime bien sa peau lisse, et la chaleur qu’il dégage. Sans lui demander, je cale ma tête sur son épaule, ne lâchant toujours pas sa main.

« - En tout cas, tu peux pas savoir à quel point, je suis contente que tu sois avec moi en ce moment. J’ai vraiment cru que je ne te reverrais plus… »

Inconsciemment, je souris. En fait, je pensais que cette journée serait particulièrement ennuyante, mais au final, tout se déroule plutôt bien pour l’instant et je n’ai pas encore fait de gaffe monumentale. Génial ! Je fais des progrès. Je souris, franchement, cette journée est vraiment meilleure que ce que j’aurais cru. En plus, le soleil va bientôt se coucher ! Le spectacle va vraiment être magnifique.

Est-ce que c’est normal de se sentir aussi à l’aise en si peu de temps avec quelqu’un. Je veux dire, avec John, tout ne s’est pas passé de la façon dont ça aurait du se passer. Nous avons tous deux commis nos erreurs et pourtant, nous sommes là, sur un toit d’un bâtiment. Assis l’un à côté de l’autre, moi jouant avec sa main, la tête sur son épaule tandis que lui se laissait faire avec un petit sourire discret. C’est vrai que jamais je n’aurais cru pouvoir pardonner si facilement, et même me sentir en un instant calme et apaisé si on supprime la gêne du tableau. Parce que bon, ça, ça ne partira pas. Je ne sais pas trop pourquoi, mais dans mon corps, c’est réglé comme John = Gêne. Je ne cherche pas à comprendre pourquoi je réagis comme ça avec lui et pas avec tous les autres garçons que j’ai pu rencontrer jusque là. Tous différents les uns, les autres avec leurs qualités et leurs défauts. Mais tout ce qui m’arrive, je ne l’ai jamais vécu avant. Juste avec ce brun qui a sut se démarquer des autres par je ne sais quels moyens. Un jour, je lui demanderai sa recette. Mais bon, pas maintenant, j’apprécie particulièrement ce calme que j’ai pourtant brisé plus d’une fois. Doucement, je me sens tirée vers l’arrière. Toujours près de John plus précisément. L’herbe sur mon cou me fait réaliser combien de chose se sont passée depuis que nous avions eu cette baignade improvisée. Alors qu’il se tourne un peu vers moi, il me regarde. Et là, je réalise que je tiens toujours bêtement sa main. Sauf que cette fois, j’arrête de dessiner dessus et entremêle mes doigts aux siens. J’aime ce contact. C’est chaux, doux, rassurant.

Mon regard plongé dans le sien, je ne peux pas résister à ces prunelles vertes. C’est impressionnant à quel point de simples yeux peuvent nous plonger dans un certain mutisme. Je n’arrive pas à m’empêcher de plonger dedans comme je pourrais tout découvrir de lui. J’ai même l’impression que nous sommes seuls ce qui est vraiment le cas, mais qu’il y a une sorte de bulle qui nous entoure et qui nous tient prisonnier. Dans le bon sens de la chose bien sur. Hypnotiser. Oui, c’est bien le mot. Par John. Sa présence même. Pourquoi cet effet, je ne sais pas, mais en tout cas, je ne prends pas la peine de poser des questions pour ne rien gâcher. Aux mots du garçon, je ne peux m’empêcher de rougir tandis qu’il en fait de même. Cet endroit nous fait dire les mots que nous pensons au plus profondément de nous ? Pourtant même si je rougis, je ne peux m’empêcher de le fixer tandis que d’habitude, j’aurais détourné les yeux. Il se rapprocha de moi et me donne un doux baiser. Je ferme les yeux et savoure ce contact. J’ai peur d’aimer ça un peu plus que je ne le devrais. Je ressens tant de chose à la fois, des choses que je ne pourrais pas définir même si je le voulais. Alors que le baiser se termine, quelques frissons parcourent mon corps. C’était tellement agréable… C’est comme si dans cette action, j’avais pu voir de la sincérité et de la douceur. Je ne crois pas qu’un moment pourrais être plus magique que cet instant là.

« - John, je sais pas pourquoi, mais… »

Non, non, non, retiens toi Yumi ! On va pas faire des confessions toute suite non mais oh ! Tu vas lui dire quoi, hein ? Que tu te sens tout de suite plus à l’aise avec lui ? Que quand il t’embrasse, tu as l’impression de voler ? Que lorsque tu le touches, tu as des frissons qui parcourent ton corps ? C’est pas possible en si peu de temps, faut absolument que je me le rentre dans la tête. Et pourtant, c’est dans ce genre de situation que l’on aimerait piper mot et que le garçon lise dans nos yeux. Pour ne pas avoir à se « dévoiler ». L’espace d’un instant, j’eu un éclair de lucidité. Et avec tout mon tact, je brisais ce moment qui semblait si magique et précieux à mes yeux.

« - Au fait, tant que j’y pense ! »

Oui, en effet, tant que j’y pense. Bon, certes, je venais en une seule phrase de casser la belle ambiance qui s’était installée, mais j’allais oublier après alors autant faire les choses tout de suite. Je me redressais pour chercher quelque chose dans mon sac puis une fois trouvée, tendis à John sa veste. Oui, lorsque je m’étais réveillée dans la jungle, je l’avais trouvé sur moi. Je devais bien lui rendre un jour. Je lui souris. Bon, je pense que j’éviterais de dire que j’avais dormi avec plusieurs fois pour sentir son odeur et éviter de faire des cauchemars, mais chut… Bien sur, je n’avais pas bavé dessus hein, ça aurait gâché la chose. Mais c’est surtout que maintenant la veste commence plus à sentir mon odeur que celle du garçon. Où là là, je dois avoir l’air d’une psychopathe. La fille qui dort avec les vêtements d’un garçon pour respirer son odeur… Dis comme ça, oui, mais vraiment ça partait pas d’une mauvaise intention ! Je me rallonge et regarde le ciel pour éviter de montrer mes rougeurs. Après avoir eu l’air d’une folle, maintenant j’ai l’air d’une stalkeuse. Je me demande vraiment ce que le brun peut bien penser de moi tiens ! 

Alors que je lui tends sa veste, il semble étonné. C’est plutôt normal. Il devait déjà s’être préparé psychologiquement à ne plus la revoir parce que bon quelles étaient les chances que l’on se revoit sur cette île immense ? Environ une sur mille. D’ailleurs, j’attends toujours cette chance pour Kirito… Mais je ne me plaindrai pas de savoir que j’ai pu voir John et m’expliquer avec lui. Il est… comme mon opposé, et pourtant, je ne sais pas trop comment, il arrive à supporter mes flots de paroles, ainsi que toutes mes bêtises. Bêtises qui peuvent même s’avérer mortelles comme vu dans les épisodes précédents…Le regard pétillant, je l’observe tandis qu’il prend la veste. Je peux au moins me venter d’une chose : Avoir pu lui faire une surprise qui soit dans le sens positif. Sur ce plan là, je me réjouis de voir que je n’ai pas tout foiré. J’aime bien ce petit moment calme là, avec lui. Comment ça se fait que je n’ai jamais rencontré une personne qui puisse lui arriver à la cheville l’espace d’un instant ? Peut être parce que je ne cherchais pas ou même que c’est le destin… ? Mais je n’aime pas le destin, je trouve que c’est nul de dire que c’est lui qui décide et contrôle toute notre vie. Non. On fait nos propres choix. Tout seul, alors bon, le destin, je le crotte ! Avec un grand sourire cette fois, je l’observe pendant qu’il enfile sa veste. J’aime les traits de son visage qui sont fins, et détendus. C’est apaisant.
 
Alors qu’il met les mains aux poches, il semble tâter l’intérieur. Je penche la tête sur le côté, signe d’incompréhension. Je n’ai rien mis dans les poches, enfin, je ne crois pas… Alors qu’il semble vraiment déterminé à savoir ce que c’est sans regarder « la chose », je me dis qu’il joue un peu à la roulette russe. Il n’a aucun moyen de savoir ce que s’est en touchant, fin je veux dire quand on ne connait pas, c’est pas possible. Comme pour me prouver que j’ai raison, il sort l’objet en question avant de le fixer un instant pour deviner ce que c’est. Alors qu’il semble déplier un truc rose, je ne comprends pas vraiment jusqu’à ce qu’atterrisse dans mes mains une de mes culottes. Alors que mort de gêne, il prononce des excuses avant de se retourner, je fixe l’objet. C’était donc ça ! Je me disais bien qu’il n’aurait pas pu trouver sans regarder aussi… Alors que John est toujours fasse à moi, un air blasé s’affiche sur mon visage avant que je pousse un profond soupir. J’ai beau ne pas vouloir me montrer nue, être en sous-vêtements ne me gêne pas. Donc montrer mes sous-vêtements encore moi. Je fais tourner ma culotte dans ma main avant de soupirer de nouveau et de lui demander.
 
« - Bah… C’est une culotte ? Tu es gêné pour ça ? Imagine que c’est un bas de maillot de bain ! Bon certes, y a de la dentelle… Mais je trouve que ça rend mieux quand c’est sur moi ! D’ailleurs… Comment elle a atterri là… ?  J’verrai plus tard… C’est pas grave hein de toute façon, elle est propre donc tu n’auras pas à désinfecter ta veste…»

Moi ou comment être inspirée par une culotte. Comment ais je pus monopoliser la parole de la sorte pour une… culotte ?! Mais bon en même temps, c’est vrai que la dentelle rend bien, mais je trouve que la culotte bleue est plus belle parce qu’elle est assortie à mes cheveux, puis bon, je suis pas un porc donc j’ai lavé la culotte, et elle doit être propre tout comme la veste de John. J’avais dut sortir de la laverie ce jour là, et comme je n’avais plus de place, j’ai fourré le sous-vêtement ou j’ai pu. En l’occurrence dans la veste que je portais, et que je viens de rendre… Bon ok, prochaine fois, vérification des poches… Il aurait très but tomber sur ma grosse culotte de grand-mère atroce ! Enfin, je vais pas trop la critiquer, je peux avoir le ventre plat grâce à elle ! Alors que je sors de mes pensées farfelues, je remarque que John ne s’est toujours pas retourné vers moi. Il est vraiment, vraiment gêné. Mais faut pas… Je suis cool et relaxe alors que j’aurais dut être la principale touchée !
 
« - Roh mais soit pas gêné ! Au pire, si tu veux qu’on soit égaux, montre moi un de tes caleçons et puis hop ! Voilà ! Problème résolu. »
 
Et je suis fière de dire ça. Je passe juste pour la plus grosse perverse de l’univers là… Argh mais pourquoi j’ai dis ça ! J’veux plus le voir son caleçon maintenant… Sans plus de cérémonie, je fourre la culotte dans mon sac sans grande délicatesse, elle nous a assez posé de problème jusqu’à présent. Maintenant je suis rouge comme une tomate moi aussi. Mes paroles ont dépassé ma pensée. La prochaine fois, je tourne ma langue sept fois dans ma bouche. J’éviterai beaucoup de gêne à John comme ça.

Toute cette histoire à l’air de l’avoir perturbé. Un tout petit peu hein. Surtout que j’ai bien conscience que ma dernière remarque était totalement stupide mais je n’y peux rien, ça m’a échappé. Mais bon, c’est vrai que soyons honnête, ce n’est qu’une culotte. Le fait qu’elle ne soit pas sur moi rend les choses minimes non ? Fin, je sais pas, c’est pas comme s’il ne m’avait jamais vu en sous-vêtement. Certes, c’était l’un de mes normaux, et là, il avait celui en dentelle, mais bon… Okay, situation bizarre en fait. Pourquoi j’ai pas fait les poches de la veste moi avant de la lui rendre ? Et puis qu’est ce qu’il va s’imaginer ? Que je fais la bringue et que je range mes affaires à l’arrache quand je trouve une petite poche ? Non mais oh ! Moi. Pas. Être. Fille. Facile. Fin je crois… Je me suis jamais retrouvée dans ce genre de situation, alors… C’est normal pour une fille ? Fin faut dire que je n’ai pas vu beaucoup de chose en ce monde. Je commence à peine grâce à cette aventure sur l’île. Je n’aurais jamais cru même un jour rencontrer un garçon comme John. Enfin du peu que j’ai pu voir. Parce que bon, on s’est vu quoi deux jours ? Enfin là c’est le second et la première fois, je me suis endormie… Ok. C’est assez atypique comme situation, même moi je l’admets. Mais c’est palpitant ! Alors que John plante son regard dans le mien, je frissonne. C’est dur de le regarder dans les yeux sans flancher, z’avez vu les yeux ?!

« - Hm ? »

Je ne sais pas pourquoi, mais le fait qu’il cherche ses mots m’inquiète. Je devrais pas pourtant hein ? Non, je n’ai pas de soucis à me faire. Mais du souci de quoi ? Du fait qu’il m’annonce qu’il quitte l’île et qu’on se verra plus ? Ou pire qu’il décide que je l’ennui/l’énerve et veut plus me voir ? Mais pourquoi je réagis comme ça. Par simple réflexe, je gonfle les joues, et souffle bruyamment. Je n’aime pas réfléchir autant, ça fait mal à la tête. Je remarque alors que John à fini de parler et que ses joues sont rouges. Oh kawaï ! Mais mine de rien, ça question me fait l’effet d’une bombe. En fait, je n’ai jamais vraiment su ce qu’était le fait d’être « ensemble ». C’est comme Papa et Maman, deux gens qui s’aiment ? Je détourne la tête vers le ciel. Je ne sais pas. Et j’ai peur que ça question reste sans réponse bien malgré moi. Je vais me placer accroupie, en face de lui, et pose mes mains sur ses genoux et ma tête par-dessus. Je le regarde et admire son visage rosé. Quitte à être honnête…[/font]

« - Je vais te répondre franchement. »

Je cherchais mes mots et j’avais l’impression de patauger dans de la mélasse. Je n’ai encore jamais eu à faire face à ce genre de situation, et je ne sais pas du tout comment je dois réagir. En fait, je perdue. Totalement paumée en fait. Oui, ça c’est clair. Prenant une petite inspiration, je continuais à voix basse. Pour la première fois de ma vie, je me sentais à découvert. Comme si tout allait me tomber sur la tête alors que d’habitude, je préférais foncer sans réfléchir.

« - Je ne sais pas réellement ce que tu veux dire par « ensemble ». Mais tu sais, je ne sais pas trop ce que je dois penser vis-à-vis de toi. Quand tu me regardes droit dans les yeux, j’ai l’impression que mes jambes vont me lâcher. Quand je te touche, je suis comme apaisée. Et puis, je me sens super à l’aise avec toi, fin plus qu’avec les autres. »

Autant lui dire tout ça, il saurait peut être quoi en faire, et me dire si ça peut répondre un temps soit peu à sa question. Je venais de lui dire tout ce que j’avais sur le cœur quand il était avec moi. Et comme si ça pesait dans mon cœur, je me sens un peu plus légère maintenant. Je ne sais pas trop si c’est normal. Je décidais donc de conclure mon charabia toujours en le regardant.

« - Je sais que ça ne t’aide pas trop mais… Fin… Tu m’perturbes. »