Match n°1 (2014-2015)

VS John Lewis Armstrong

Izumi n'était pas jeune, mais il s'agissait pourtant de son premier combat de conseil. La foule, enthousiasmée par l'apparition de cette toute nouvelle combattante, paraissait avoir intensifié ses cris d'excitation et d'impatience devant ce combat qui promettait beaucoup, vraiment. La grenouille est nerveuse, stressée, malgré la façade impassible qu'elle affiche ; les regards qu'elle jette de temps en temps à son dresseur pour chercher son approbation le prouve. Mais Faust sourit doucement, pas angoissé pour un sou alors que la jeune Amphinobi se dresse face à un pokémon méga évoluée, avantagée question type face à elle, et surtout plus expérimenté dans ce genre de combat qu'elle. Tout paraissait ligué contre elle, mais Faust n'affichait pas l'ombre d'une crainte pour son amie qui, ici, aurait à montrer ce qu'elle avait appris et à quel point elle pouvait se montrer redoutable et embêtante pour tous ceux qui pourraient avoir l'audace de craindre qu'elle n'était là que pour faire joli, et rien de plus. Car non, Izumi a un rôle tout aussi important que celui des autres : combattre, et ennuyer le plus possible, trouver toutes les ruses pour renverser la situation ou avantager le reste de l'équipe par la suite. Elle est loin d'ignorer ce rôle, et se doute bien de pourquoi Faust l'a appelé ici, surtout vu le sourire léger qui s'est dessiné sur le visage du dresseur ténèbres, bien conscient de ce qui était en train de se préparer, pas forcément heureux d'avoir trouvé une faille, mais satisfait de voir qu'elle pouvait se montrer aujourd'hui. Dalhia les observe tous deux, l'air un peu plus intéressée maintenant que la grenouille a fait son apparition.

Peut-être qu'elle sera vaincue avant d'avoir pu faire de gros dégâts, mais peu importe. Elle n'est pas seule ici, certainement pas, et si elle tombe, elle sait que quelqu'un pourra la remplacer. Lorsqu'elle était sous les ordres de Clive, cette pensée n'avait jamais été aussi forte, et elle ne craignait donc pas d'être battue, n'ayant pas de fierté démesurée inutile, mais le décevoir était quelque chose qu'elle aurait eu en horreur. Elle ne l'avait pourtant pas jamais entendu faire le moindre commentaire désobligeant à son égard, ni la réprimander quand il faisait une erreur, ou afficher une mine déçue si elle perdait. Mais la crainte restait là, intense ; sûrement devait-elle à Clive sa crainte d'être de nouveau abandonnée, quoique l'officier avait eu ses raisons qui pouvaient se défendre. Faust gardait pourtant son sourire tranquille.

« Rafraîchissons les ardeurs par un peu de tromperie, Izumi. »

L'Amphinobi finit par hocher de la tête et expira nerveusement avant de s'élancer, plus vive que l'éclair.

Match n°1 (2014-2015)

VS John Lewis Armstrong

Prévoir que son adversaire voudrait en finir rapidement avait été simple, mais risquer à envoyer Izumi avec cette stratégie avait été plus difficile. Dans cette situation, il avait fallu parier et juger avant de frapper. Et au final, visiblement, il avait eu raison ; l'attaque Close Combat atteint le clone d'Izumi, faisant ainsi baisser les défenses du Lucario qu'Izumi s'empresse d'attaquer avec Vibraqua, toujours véloce. Faust hausse un peu les sourcils en voyant les dégâts causés, et un sourire amusé se dessine sur son visage en voyant que la confusion vient de s'emparer de leur adversaire. Non pas qu'il se réjouisse qu'un pokémon aille mal, hein, mais pour lui la situation vient de devenir soudainement bien plus intéressante, et il meurt déjà d'impatience de voir ce que vont faire leurs deux opposants. Izumi s'éloigne brièvement, rien que pour observer la situation et pouvoir jeter un coup d’œil à son dresseur qui lui sourit et hoche de la tête pour lui faire comprendre qu'elle avait été parfaite. Pour son premier combat, on ne pouvait pas dire qu'elle n'honorait pas son statut de pokémon de ligue.

« Tout va bien, Izumi. »

L'Amphinobi croassa doucement, rassurée, et reposa son attention vers son adversaire. Même si la nervosité continuait de la parcourir, elle ne perdait pas la face et restait calme, en hésitant un peu sur la suite, bien qu'elle savait déjà ce qu'elle avait à faire. Dans les gradins, elle entendit des cris d'encouragement qui la firent cligner des yeux, et elle fut surprise en remarquant qu'Alice était bien là, dans la section privée (bah oui, on est fille de conseiller ou on ne l'est pas), à l'encourager comme une petite folle, à agiter ses bras et à crier. Faust gloussa un peu, amusé par l'enthousiasme de la fillette, tandis que l'Amphinobi rougissait un peu en cherchant à dissimuler sa gêne. Le match, voilà donc quelque chose sur lequel elle devait porter toute attention, et ne pas voir son attention détournée par une adorable gamine de presque huit ans. Arceus, elle était loin, la période où elle accompagnait un assassin dans des missions et voyait les cadavres s'accumuler... L'auraient-ils aussi bien accueilli si ils étaient au courant de tout ? Alice crierait-elle son nom avec tant de force ? Le public s'exciterait-il autant ? Elle n'en est pas sûre, bien qu'elle sait que Faust se doute énormément de ce qu'elle faisait, avant. Pourtant, il ne la repoussait pas, ne la méprisait pas, même avec les années qu'ils avaient passé sans se voir.
Et elle voulait à tout prix que cela ne change pas. Alors en combattant, elle cherchait aussi à prouver son utilité, à les rendre fiers, à s'assurer que leurs regards envers elle ne changeraient pas. Une idée un peu naïve et mauvaise sur le fond, mais qui pourtant l'animait aujourd'hui.

« Vibraqua, pleine puissance. »

Pas besoin de dissimuler leur attention ici. C'était si évident que quiconque l'aurait deviné, et l'important ici est de frapper le plus fort possible pour espérer battre le Lucario.

Match n°1 (2014-2015)

VS John Lewis Armstrong

Des dangers en combat, Faust en a l'habitude. Et de toute façon, il n'accorde aucune importance au résultat d'un match : ce qui l'intéresse surtout, c'est son déroulement. La stratégie employée face à lui, les revirements de situation, les petits trucs qui transformaient un banal affrontement en un moment endiable et source d'une grande quantité d'adrénaline. De plus, il n'associe pas les combats à un quelconque sentiment de fierté personnelle et n'est pas mauvais joueur, loin de là ; pour ces raisons, il pourrait être dans une situation catastrophique dans un combat qu'il n'en péterait pas moins droit, si la narratrice peut s'exprimer ainsi. Il a assez d'expérience et de maturité pour ne pas donner d'importance à ce qui ne devrait pas en avoir ; il ne va pas être bouleversé pour quelque chose d'aussi futile quand il a régulièrement d'habitude de la guerre et des drames, son ordre de priorité est en toute somme assez logique.
Toutefois, ce n'est pas le cas d'Izumi. Toujours pressée, impatiente d'accomplir sa tâche car effrayée de ne pas y parvenir, l'Amphinobi, aussi réservée qu'elle soit, ne s'accorde que très rarement des moments de répit, ce qui a d'ailleurs été la raison pour laquelle Faust a attendu si longtemps pour la présenter en combat pour la première fois. Son niveau était excellent, et bien qu'il lui manquait un tout petit peu d'expérience pour avoir la ruse et la rapidité de réaction de ses collègues si on peut utiliser ce terme, ce n'était pas tant ça qui avait dérangé le hérisson. Ce qui l'avait inquiété, surtout, c'était sa tendance à se mettre en danger ou à douter tant d'elle-même qu'elle finissait par perdre de ses moyens ; lorsque, pour vérifier ses capacités, elle avait affronté Fae, les choses avaient failli mal se terminer, ce qui avait poussé Faust à la garder de côté pour une année, le temps qu'elle apprenne à se calmer. Ce jour-là, même après avoir subi une attaque Surpuissance en provenance d'une Absol méga-évoluée et sur-entraînée, elle avait tenu à continuer, en dépit des risques qu'elle aurait encouru si elle l'avait fait. Sa crainte de ne pas réussir avait été telle qu'elle aurait mis sa santé en danger pour un simple entraînement ; qu'aurait-elle donc risqué dans un vrai match officiel ?

Il avait fallu du temps pour l'apaiser et l'amener à comprendre que rien n'était plus important que de s'amuser en combat, et qu'il n'y avait aucune raison de prendre ces affrontements autant à cœur, surtout pas pour prouver à son dresseur et au reste de l'équipe (dont elle se sentait un peu exclue, du fait qu'elle venait de Clive et que cela la faisait se sentir de trop, impression qui était bien entendue fausse) une quelconque idée de valeur. Mais maintenant, elle était moins à cheval sur ce principe, et même si cette crainte la rendait nerveuse, Faust savait qu'elle saurait être raisonnable. Après, que ce soit pour ne pas l'inquiéter au lieu de prendre soin d'elle, le conseiller ne le savait pas encore et jugeait que de toute façon, c'était déjà un progrès. Les histoires d'estime de soi, ce serait plus compliqué que ça à démêler.

La grenouille n'attend pas. Elle tente de s'approcher le plus rapidement possible de son adversaire, quitte à y risquer des plumes (ou des branchies, si on veut), en priant intérieurement pour que le Lucario ne parvienne pas à sortir de sa confusion avant qu'elle ne frappe. Toutefois, ce n'est pas le cas, et malgré les dégâts assez importants qui lui sont causés par cette attaque Vitesse Extrême qui la surprend, elle reste concentrée et profite de leur proximité soudaine pour mettre toute sa force dans une nouvelle attaque Vibraqua, en dépit de sa fatigue et des dégâts qu'elle a déjà pris. Et cela semble suffire, fort heureusement pour elle : le pokémon combat tombe, épuisé, sous le regard un peu déçu mais en même temps fier d'Izumi de Dalhia qui a continué de regarder depuis tout ce temps. Bien vite, c'est une Azumarill qui vient remplacer le Lucario, et Faust hausse un peu les sourcils, une moue amusée sur le visage. Classique, comme choix, et le conseiller sait bien à quel point ces pokémon peuvent être dangereux, mais il a déjà une idée de comment gérer la situation. À voir si son idée se révélerait la bonne, par contre...

« On continue, Izu. »

La grenouille hocha de la tête, malgré le fait qu'elle semblait avoir un tout petit plus de mal à se redresser ; rien sur son visage ne le montrait toutefois, uniquement marqué par une mine déterminée et des yeux concentrés sur sa nouvelle adversaire.

Match n°1 (2014-2015)

VS John Lewis Armstrong

Les combats sont bien souvent, au niveau de la ligue pokémon, un perpétuel échange de coups qui aboutit en fait à un échange de l'avantage sur l'autre, encore et encore. C'est ce qui intéresse tant Faust au fond, et c'est bien pour ça qu'il était aussi curieux de voir ce que ce combat va donner. L'Amphinobi est considérablement fatiguée, ayant supporté à la fois le coup du Lucario et la perte de résistance due à son clonage ; c'est justement ça qui va peut-être rendre la suite encore plus intéressante, et vu l'aura bleutée qui se mettait à entourer la grenouille, il avait eu raison de suspecter cette suite d'événements. Izumi, maintenant plus puissante grâce à son talent, pouvait dorénavant espérer faire des dégâts, même si son type était commun à celui de l'Azumarill, et même commencer à entamer la tâche pour un dernier pokémon qui pourrait venir. Ne restait plus qu'a choisir l'approche : toute la puissance d'un coup, ou prendre plus de risques et essayer de s'assurer d'autres avantages ? De toute manière, il paraissait évident qu'Izumi ne supporterait pas beaucoup plus, et Faust doutait que la capacité de l'Amphinobi à vraiment mettre son adversaire en un coup, même boostée par son talent.
Il n'avait pas trop de temps avant de devoir décider ; faire vite était la priorité. Il choisit donc de faire confiance à son instinct, et sourit légèrement, avant d'échanger un regard avec Izumi. La grenouille était plus calme, mesurée, tranquille. Moins angoissée maintenant qu'elle avait eu la preuve qu'elle pouvait très bien combattre, bien que Faust aurait aimé qu'elle s'en rende compte sans avoir besoin de gagner une manche, vu que ce n'était pas extrêmement sain de se baser sur cette unique expérience. Ils auraient l'occasion d'en discuter par plus tard ; pour l'instant, il fallait agir.

Un signe de la main fit comprendre à l'Amphinobi qu'elle pouvait maintenant agir en répétant simplement ce qui venait de se passer. Réutiliser Vibraqua était dangereux pour Izumi, mais sûr et sans risques n'était pas un match de Méphisto, ou du moins les trois quarts du temps. La grenouille croassa un peu pour faire comprendre qu'elle avait compris et se précipita.

Match n°1

VS John Lewis Armstrong

Il n'y a pas tant de talent que ça en combat pour Faust. À vrai dire, à ses yeux, il est incommensurablement stupide de se dire 'faible' ou 'fort' en fonction des réussites de son équipe en combat ; c'est là une arrogance qu'il trouve tout simplement démesurée que de croire que la victoire de créatures surpuissantes et presque surnaturelles tient uniquement de sa petite personne. Si il est tout à fait pour le fait que dresseur et pokémon travaillent en harmonie, il ne juge toutefois pas qu'on puisse vraiment parler de talent. Il s'agit simplement, et c'est un contexte extrêmement bête et niais, qu'il n'y a parmi les bons dresseurs que des gens humbles et respectueux envers leurs compagnons. Le reste est superflu, au final, et c'est pour Faust ce qui fait toute la différence entre un adversaire qu'il appréciera et un autre qui ne lui fera même pas lever un sourcil. Bien sûr, à cela s'ajoute l'expérience, le calme et la réflexion, éléments essentiels à l'élaboration d'une bonne stratégie, mais ce sont des choses qui sont à ses yeux vouées à s'améliorer avec la pratique. Rome n'avait pas été fondée en un jour après tout, et on ne devenait pas boulanger sans faire de pain, aussi foireux et assez française que soit cette métaphore.

Toutefois, il n'a pas vocation à jouer les donneurs de leçon. Bien souvent, ils laissent ceux qu'il voit comme des cas bien trop compliqués à résoudre tranquilles ; il ne dit rien, se contentant de lever intensément les yeux au ciel, lassé par ces façons de penser puériles. Il arrive néanmoins, dans les cas où il s'intéresse à des dresseurs, que beaucoup d'entre eux manquent simplement de temps. D'expérience, de pratique ; que ce soit à cause d'un orgueil mal placé ou d'une peur dé raisonnée, beaucoup font des erreurs. Faust ne tient pas les gens par la main pour les faire marcher, non. Sa façon de faire est plus de vous donner un vélo, vous mettre dessus et de vous pousser en haut d'une montagne en vous criant 'bonne chance', voyez-vous. On apprend ou on apprend pas au bout d'un moment selon lui, il faut essayer et advienne que pourra. Mais bon, on en conviendra que dans le cas du vélo, ce serait bête de mourir juste parce qu'on a essayé, mais il s'agit juste d'un exemple mal choisi comme il y en a eu tant d'autres avant celui-là.

Il aurait donc pu, si l'on en suit ce qu'il peut exister de logique dans son petit cerveau d'autruche, se mettre à lancer de grandes exclamations pour encourager son adversaire, mais non. C'est avec sobriété qu'il offre au plus jeune un sourire amusé, sans excès, se disant qu'il devait être assez mature maintenant pour pouvoir se débrouiller sans qu'il ne le guide d'une quelconque façon. Et de toute manière, la prochaine manche serait la dernière ; après cela, ce serait fini. Peu importe le résultat. Restait à voir ce qui allait se passer.